De plus en plus de services cliniques rendus en pharmacie

Des ajustements ont été apportés à cet article suite à des échanges avec l'AQPP concernant les tarifs en vigueur de certains services pharmaceutiques. C’est une croissance à faire pâlir d’envie n’importe quel gestionnaire, public ou privé. Depuis le 25 janvier 2021, date de l’entrée en vigueur de la Loi 31, qui a permis aux pharmaciens d’exercer de nouvelles activités et aboli les frais de plusieurs services pharmaceutiques (comme la prolongation d’ordonnance ou la substitution d’un médicament), les services cliniques rendus en pharmacie ne cessent de croître à vitesse grand V, selon des données transmises à ProfessionSanté.ca par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Au rythme des neuf premiers mois de l’année, les pharmaciens poseront en 2023 plus de 3,59 millions d’actes découlant de la Loi 31 et de sa prédécesseure, la Loi 41, en application depuis 2015. «C’est deux fois plus qu’en 2021, si l’on exclut la vaccination contre la COVID-19», souligne le président de l’Association des pharmaciens propriétaires du Québec (AQPP), Benoit Morin, qui ne s’attendait pas à de tels chiffres: «Compte tenu de la pénurie de main-d’œuvre, c’est un réel tour de force que les pharmaciens aient pu en faire autant.» Les actes les plus payants Ces 3,59 millions d’actes vont rapporter 65,12 millions de dollars en honoraires aux quelque 2000 pharmaciens propriétaires de la province, soit en moyenne 18,13$ par service pharmaceutique rendu. Les plus payants sont les services de consultation d’un pharmacien (code de service DC). Plutôt fréquents (22 581 depuis janvier 2023), ils sont rémunérés 46,86$ l’intervention. Viennent ensuite: la prise en charge de la clientèle en soins palliatifs (34,97$, montant forfaitaire par semaine), les services sur appel (32,68$) et la prise en charge après une hospitalisation (29,13$). À l’inverse, la prolongation d’une ordonnance (code de service Z) est le service le moins payant à l’unité (14,79$). Comme les pharmaciens en ont réalisé un peu plus d’un million depuis le début de l’année, c’est toutefois l’acte qui rapporte le plus en volume (14,85 M$ au 30 septembre). «On en fait plus que ça, mais elles ne sont pas toujours rémunérées. On ne peut prolonger que trois ordonnances par patient et par an, mais, des fois, on leur rend service (sans facturer à la RAMQ)», signale Benoit Morin. Les «ajustements de la dose d’un médicament» ou «la modification d’une thérapie médicamenteuse» (code service AD) arrivent au second rang des actes les plus rémunérateurs en volume: 10,69 M$ pour 465 286 services rendus en 2023. «À chaque ajustement de dose, c’est un médecin de famille en moins qui est dérangé. (En termes d’accessibilité aux soins), c’est extraordinaire», s’enthousiasme le président de l’AQPP qui adresse «un grand bravo aux pharmaciens. Au départ, ils n’étaient pas à l’aise de faire des ajustements. Aujourd’hui, ils font confiance à leur jugement professionnel. C’est bon signe», estime-t-il en disant convaincu que ses pairs «pourraient en faire davantage si on n’avait pas autant de défis organisationnels à relever». Au troisième rang figurent les «traitements de conditions mineures» pour lesquelles aucun diagnostic médical n’est requis, comme l’herpès ou l’influenza (code de service V; type de service A). Plus de 512 000 services ont été rendus en neuf mois pour des honoraires totaux de 9,42 M$. À lire aussi: Terminés les conseils en pharmacie!? Accélérer les prises en charge En revanche, Benoit Morin constate que les «prises en charge de l’ajustement pour l’atteinte des cibles thérapeutiques», qui correspondent aux codes service W, W1 et W2, n’ont pas encore atteint les niveaux de maturité escomptés (306 000 services en 2023). «Ça progresse lentement. On pourrait en faire plus», convient-il tout en expliquant que ces services-là nécessitent plus de temps et d’investissement professionnel, car il s’agit de patients complexes avec lesquels il faut savoir interagir quand ils se présentent spontanément au comptoir. «Leur prise en charge vient perturber la chaîne de travail. Ce n’est pas toujours évident de saisir l’opportunité.» Dans l’ensemble, le président de l’AQPP considère que les services cliniques offerts en pharmacie ne sont pas assez rémunérés, «surtout si l’on tient compte du contexte économique actuel marqué par la hausse des salaires et celle des taux d’intérêt» qui viennent gruger la rentabilité des officines. Il pense particulièrement aux services de prise en charge de la catégorie W qui, selon lui, devraient être mieux payés. «Ça encouragerait les pharmaciens à en faire plus», affirme-t-il en invitant les propriétaires et leurs salariés à s’y intéresser davantage. «Il y a beaucoup de choses à comprendre, mais si tu es bon, tu peux additionner les actes. Après une rencontre initiale avec un patient hypertendu, tu peux par exemple faire jusqu’à trois ajustements par jour si nécessaire.»

De plus en plus de services cliniques rendus en pharmacie

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