De nouvelles cibles médicamenteuses prometteuses

C’est une découverte pleine de promesses, dont les potentielles applications restent à explorer. «Nos modèles sont très cliniques et les résultats encore embryonnaires, mais ils laissent entrevoir la possibilité de développer de nouvelles molécules afin de traiter le cancer, l’arthrite rhumatoïde ou encore la COVID-19», indique le directeur associé de la recherche à la Division d’endocrinologie et métabolisme de l’Université McGill, Stéphane Laporte. Expert en pharmacologie moléculaire, il a collaboré entre autres avec le biologiste Arun Shukla, le titulaire de la Chaire Joy Gill à l’Institut indien de technologie de Kanpur qui a dirigé cette étude dont les résultats ont été publiés dans la revue Molecular Cell. «Lorsque des bactéries ou des virus pénètrent dans notre corps, le système du complément s’active; il inclut deux récepteurs membranaires appelés C5aR1 et C5aR2, explique M Shukla. Si l’activation du système du complément est essentielle pour combattre les agents pathogènes nocifs, son activation excessive et prolongée conduit néanmoins à une inflammation, voire à des situations potentiellement mortelles.» Ces récepteurs C5aR1 et C5aR2 font partie de la famille des récepteurs couplés aux protéines G (RCPG), une famille ciblée aujourd’hui par 30 à 40 % des médicaments, signale Stéphane Laporte. Ils fonctionnent comme des messagers qui reçoivent et transmettent des signaux permettant aux cellules de déclencher des réponses physiologiques. «Dans le cas d’une réponse immunitaire, ces récepteurs sont sollicités, mais jusqu’ici, on ne connaissait pas le rôle de C5aR2. On pensait qu’il s’agissait d’un récepteur non fonctionnel qui n’avait qu’un effet limité sur son homologue C5aR1», détaille le professeur à la Faculté de médecine de l’Université McGill. «On a découvert qu’en fait, le récepteur C5aR2 a plusieurs fonctionnalités et qu’il pourrait être activé comme C5aR1.» Désactiver la sur-réponse inflammatoire L’intérêt de cette trouvaille réside dans la possibilité de bloquer la réponse inflammatoire. «Parfois, le système s’emballe et sursollicite le récepteur C5aR1, ce qui entraîne des dommages supplémentaires, comme l’embolie pulmonaire chez des patients infectés par la COVID-19, indique Stéphane Laporte. Notre étude ouvre la possibilité de cibler le C5aR2 en concevant de nouvelles molécules médicamenteuses capables de se lier à ce récepteur qui pourrait ensuite désactiver C5aR1 ainsi que sa réponse inflammatoire.» C’est d’ailleurs ce que tentent de faire des scientifiques qui mènent actuellement des essais cliniques sur l’avdoralimab — un anticorps thérapeutique — auprès de patients atteints de pneumonie sévère induite par la COVID-19. À terme, le chercheur déclare que cette découverte ouvre le champ des possibles vers de nouveaux traitements contre le cancer ou l’arthrite rhumatoïde, des maladies caractérisées par une «suractivation» du système immunitaire, qui finit par s’attaquer aux cellules saines de l’organisme.

De nouvelles cibles médicamenteuses prometteuses

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes