De nouveaux critères cliniques pour diagnostiquer le sepsis pédiatrique

La septicémie est un énorme fardeau de santé publique, particulièrement en pédiatrie. Chaque année, elle touche environ 25 millions d’enfants dans le monde, la majorité ayant moins de 5 ans, et quelque 3 millions en meurent. L’une des causes de ces nombreux décès: il n’est pas si simple de diagnostiquer précisément et rapidement ce type d’infection chez cette clientèle. Afin d’aider les cliniciens à mieux distinguer leurs jeunes patients à risque de complications, une équipe de recherche internationale vient d’établir de nouveaux critères diagnostiques du sepsis pédiatrique. Ils ont ainsi mis à jour sa précédente définition, qui remonte à près de 20 ans. Fondée sur des avis experts, elle caractérisait alors le sepsis comme une infection suspectée ou confirmée en présence d’un syndrome de réponse inflammatoire systémique. Les nouveaux critères — dits de Phoenix — définissent le sepsis pédiatrique comme une réaction grave à une infection impliquant nécessairement un dysfonctionnement des organes. Ils comprennent ainsi des mesures des défaillances respiratoire, cardiovasculaire, neurologique et de la coagulation, dont la sévérité est graduée d’un à trois points. Selon cette grille d’analyse, publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) fin janvier et qui est disponible pour téléchargement ici, les enfants présentant un score d’au moins deux points, qui témoigne de dysfonctionnements potentiellement mortels, doivent être considérés comme septiques. Ceux dont la fonction cardiovasculaire est atteinte (score d’un point et plus) doivent quant à eux être considérés en choc septique.L’une des chevilles ouvrières de l’équipe de recherche mise sur pied par la Society of Critical Care Medicine (SCCM), le Dr Nelson Sanchez-Pinto, affirme dans un communiqué que «ces critères sont plus efficaces que les anciens pour identifier les enfants âgés de 12 mois à 18 ans qui sont atteints d’infections et présentent un risque plus élevé d’évolution défavorable. Ils sont applicables à l’échelle mondiale, y compris dans les environnements à faibles ressources». Le pédiatre en soins intensifs à l’hôpital Ann & Robert H. Lurie de Chicago souligne que les prématurés (moins de 37 semaines de gestation à la naissance) et les nouveau-nés sont exclus des critères pour plusieurs raisons, notamment la difficulté de définir le dysfonctionnement d’un organe, des recherches additionnelles devant être entreprises pour définir une norme clinique applicable à cette tranche d’âge fragile.En 2016, le Troisième consensus international sur les définitions du sepsis et du choc septique (Sepsis-3) a défini la septicémie chez l’adulte comme un «dysfonctionnement d’organe menaçant le pronostic vital, causé par une réponse déréglée de l’hôte à l’infection». Cette définition exclut les enfants, car leur organisme réagit au sepsis différemment, que ce soit la manière dont leur système immunitaire tente de combattre l’infection ou la façon dont leur physiologie se modifie lorsqu’ils souffrent du dysfonctionnement d’un organe. Par exemple, de nombreux adultes atteints de septicémie voient leur tension artérielle chuter relativement tôt en raison de changements dans le tonus des vaisseaux sanguins, alors que les enfants maintiennent ce tonus beaucoup plus longtemps, puis atteignent un seuil de gravité.Des critères applicables dans le monde entierPour combler le fossé entre les critères appliqués aux adultes et aux enfants, l’équipe de recherche de la SCCM s’est appuyée sur une base de données de plus de trois millions de consultations pédiatriques dans dix hôpitaux aux États-Unis, au Bangladesh, en Chine, en Colombie et au Kenya. Des pays dont les populations ne sont généralement pas représentées dans les études internationales que les chercheurs tenaient à inclure, car davantage d’enfants meurent de septicémie dans les régions où les ressources sont moins disponibles.Lire aussi: Ce que les médecins doivent savoir sur les infections invasives à streptocoque A«Les données que nous avons utilisées pour mettre à jour ces critères sont représentatives des enfants du monde entier qui présentent un risque de septicémie ou qui ont eu une septicémie», indique le Dr Tell Bennett, professeur d’informatique biomédicale et de soins intensifs pédiatriques à la faculté de médecine de l’Université du Colorado. «Nous avons utilisé des méthodes robustes d’apprentissage automatique pour analyser ces données afin de fournir des informations cruciales et fiables aux cliniciens de tous niveaux de formation, du travailleur de terrain en Afrique au médecin ou à l’infirmière d’une unité de soins intensifs dans un pays à haut niveau de ressources.»Selon l'étude, la mortalité hospitalière des enfants ayant un score Phoenix d’au moins deux points était de 7,1% dans les pays développés et de 28,5% dans les pays en voie de développement, soit huit fois plus que les enfants avec une infection présumée qui ne répondaient pas aux critères de septicémie.

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