Chirurgies: examen sur 10 ans des dossiers médico-légaux de l’ACPM et de l’HIROC

L’Association canadienne de protection médicale (ACPM) et l’assureur Healthcare Insurance Reciprocal of Canada (HIROC) appellent au renforcement de la sécurité chirurgicale. Ces deux organismes, qui assurent respectivement les médecins et les établissements de soins de santé et leurs employés contre les poursuites en responsabilité médicale, ont été mandatés par le Consortium national de sécurité des patients pour analyser les données sur les incidents chirurgicaux survenus en milieu hospitalier entre 2004 et 2013 des dossiers qu’ils traitent.En 10 ans, un peu moins de 3000 incidents (2974) ont été répertoriés dans leurs bases de données. Des incidents qui sont somme toute relativement rares, puisque chaque année plus d’un million d’interventions chirurgicales sont réalisées au Canada.Comme on peut s’y attendre, les incidents se produisent le plus souvent pendant une intervention. S’ils se sont révélés bénins dans 67 % des dossiers de l’ACPM et 40 % de ceux de l’HIROC, certains ont néanmoins entraîné de graves répercussions pour le patient, que l’on parle d’un préjudice catastrophique (respectivement 21 % et 24 % des incidents) ou même d’un décès (respectivement 11 % et 15 % des incidents). Source: Sécurité des soins chirurgicaux au Canada: Examen sur 10 ans des dossiers médico-légaux de l’ACPM et de l’HIROCLa chirurgie étant ce qu’elle est, impossible de garantir à un patient qu’il n'y aura pas de complications. Des infections, lacérations, perforations, hémorragies, brûlures peuvent se produire. D'ailleurs, les experts qui ont commenté les incidents répertoriés ont noté que dans 12 % des dossiers de l’ACPM et 18 % de ceux de l’HIROC les événements en question n’auraient jamais dû arriver. Parmi ces événements évitables: les objets oubliés dans le corps des patients et les erreurs d’intervention.De son côté, l’ACPM a relevé dans ses dossiers médico-légaux que les incidents arrivent plus souvent lorsd’intervention dans l’utérus, la vésicule biliaire, le côlon, les muscles de la poitrine ou de l’abdomen (cure de hernie) et le sein.Des incidents multifactorielsDans la moitié des cas, les experts ont relié l’incident à des problèmes relevant du système ou aux professionnels de la santé. À l’ACPM, les médecins contribuaient à l’incident dans 64 % des dossiers et à l’HIROC, dans 93 % des dossiers (à noter qu'un incident peut être dû à plusieurs facteurs en même temps).Selon les experts des deux organismes, les facteurs liés au médecin concernent majoritairement la prise de décision. Du côté de l’ACPM, venaient ensuite le diagnostic, la médication, la conscience situationnelle. Du côté de l’HIROC, c’étaient plutôt la conscience situationnelle, le diagnostic et la médication. La conduite du médecin n’était impliquée respectivement que dans 1 % et 2 % des dossiers de l’ACPM et de l’HIROC.Dans bien des cas, les incidents chirurgicaux «surviennent rarement isolément», peut-on lire dans le rapport. En fait, le plus souvent, ils découlent de «la conjonction de facteurs liés au professionnel de la santé et au système».Avec l’ACPM et le HIROC, le consortium national de sécurité des patients conclut que les soins peropératoires et postopératoires et la coordination des soins peuvent être améliorés au Canada. En effet, si l’on constate une récente tendance à la baisse de la mortalité observée au cours des 30 jours suivant une chirurgie, on note aussi que les réhospitalisations postopératoires et l’oubli de corps étrangers après une intervention chirurgicale sont plus élevés au Canada que dans les autres pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économique (1).En suivi à leur analyse, les trois organismes proposent des recommandations pour améliorer la culture de la sécurité dans le secteur chirurgical, au niveau du système, mais aussi des médecins.Quelques recommandations pour les médecinsÉvaluation préopératoire et consentement éclairé• Réaliser une évaluation exhaustive, notamment de l’état actuel du patient et des résultats des tests.• Obtenir et documenter le consentement éclairé, notamment au sujet des risques et des avantages de la chirurgie proposée et des autres solutions possibles.Prise de décision peropératoire• Adopter des stratégies afin de reconnaître et d’atténuer les biais cognitifs (p. ex., prise de décisions cliniques erronées).• Appliquer des pratiques réflectives pour favoriser l’amélioration clinique et l’apprentissage partagé.Prise en charge et suivi postopératoires• Fournir des instructions claires à l’équipe à propos de l’évaluation et de la surveillance postopératoires.• S’assurer que la documentation expose bien le plan de traitement afin de favoriser la continuité des soins.• Transmettre des instructions claires au patient et à ses proches au moment du congé éclairé, en expliquant quels symptômes surveiller. Lire le rapport Sécurité des soins chirurgicaux au Canada: Examen sur 10 ans des dossiers médico-légaux de l’ACPM et de l’HIROC1. Données de l’ICIS.

Chirurgies: examen sur 10 ans des dossiers médico-légaux de l’ACPM et de l’HIROC

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes