Cystite aiguë: seule une prescription d’antibiotiques sur trois est pertinente

Les infections urinaires (IU) sont à l'origine d'un pourcentage important des prescriptions d'antibiotiques chez les femmes. Il est donc primordial de s'assurer que le choix du médicament est optimal, ainsi que la dose et la durée du traitement pour aider à réduire la résistance bactérienne future et la probabilité d'événements indésirables et/ou de récurrence de l'infection urinaire. Une étude menée en Colombie-Britannique est la première au Canada à examiner la qualité de la prescription d'antibiotiques (médicament, dose et durée) pour les femmes souffrant d'une IU non compliquée (cystite) en milieu ambulatoire. Les chercheurs ont inclus toutes les femmes adultes résidant en Colombie-Britannique dont le dossier médical a évoqué une cystite entre 2014 et 2018. L'étude a exclu les femmes ayant des antécédents d'anomalies urologiques, de lésions de la moelle épinière, d'utilisation de cathéters ou de transplantation rénale, ainsi que les femmes enceintes.Les prescriptions ont été classées comme appropriées ou inappropriées, en fonction des paramètres relatifs à l'agent de première intention, à la dose et à la durée. Les prescriptions appropriées comprenaient celles entièrement conformes aux lignes directrices en ce qui concerne l'agent, la dose et la durée (c.-à-d. conformes aux lignes directrices), et/ou l'utilisation d'agents autres que de première intention lorsque cela était cliniquement justifié (c.-à-d. cliniquement approprié). À lire aussi: Guide du pharmacien pour la prise en charge des infections urinaires récurrentes chez la femmeLes prescriptions inappropriées incluaient les prescriptions concordantes par agent, mais discordantes par dose ou durée (c'est-à-dire efficaces, mais inutiles ou sous-traitées), ainsi que l'utilisation d'antibiotiques autres que de première intention lorsque cela n'était pas cliniquement justifié (c'est-à-dire non recommandé). En l'absence d'insuffisance rénale (clairance de la créatinine > 40 ml/min), les traitements de première intention appropriés pour la cystite étaient la nitrofurantoïne (100 mg deux fois par jour pendant 5 jours) ou le triméthoprime-sulfaméthoxazole (TMP/SMX ; 160/800 mg deux fois par jour pendant 3 jours). En cas d'insuffisance rénale (clairance de la créatinine < 40 ml/min), les traitements de première intention appropriés étaient la fosfomycine (3 g par jour pendant un jour) ou le TMP/SMX (160/800 mg deux fois par jour pendant 3 jours). Les quinolones ne sont pas recommandées comme traitement de première intention pour la cystite non compliquée car leur utilisation systématique provoque des risques de résistance aux antimicrobiens, ainsi qu’un risque accru de développer des Clostridioides difficile. Les résultats ont montré ce qui suit:Les chercheurs ont examiné 182 162 épisodes de cystite, dont 70% ont fait l'objet d'une prescription d'antibiotiques.Dans l'ensemble, seules 35% des prescriptions ont été jugées appropriées. Chez les patients souffrant d'une maladie rénale chronique, 62% des prescriptions étaient tout à fait appropriées.L'utilisation inappropriée d'antibiotiques représentait les deux tiers des prescriptions associées à la cystite chez les femmes adultes (453 prescriptions pour 1000 épisodes). Parmi ces prescriptions, 44% étaient efficaces mais inutiles, 20% n'étaient pas recommandées et 2% étaient considérées comme un sous-traitement.La majorité des prescriptions efficaces mais inutiles (99%) concernaient des durées de traitement excessives.Les antibiotiques catégorisés comme non recommandés (non justifiés cliniquement) concernaient principalement la ciprofloxacine (67%), la fosfomycine (16%) et le céfixime (6%).La nitrofurantoïne et le triméthoprime-sulfaméthoxazole représentaient 71% de l'utilisation totale d'antibiotiques.La nitrofurantoïne a été le plus souvent délivrée pour une durée de sept jours, suivie de cinq jours, puis de 10 jours. La durée de sept jours était également la plus fréquente pour le TMP/SMX, suivie de cinq jours, puis de trois jours. Toutes les prescriptions de fosfomycine étaient d'une durée d'un jour.Les chercheurs ont conclu que, dans cette étude, l'utilisation d'agents antimicrobiens de première intention et la durée du traitement n'étaient souvent pas conformes aux recommandations des lignes directrices. Les efforts de gestion des antibiotiques devraient se concentrer sur la prescription d'agents de première intention à spectre étroit et sur la réduction de la durée du traitement de sept jours à trois ou cinq jours, conformément aux lignes directrices cliniques.

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