COVID longue: un pas dans la bonne direction

«C’est une excellente nouvelle. On a enfin un plan clair du ministère de la Santé pour la prise en charge de ces patients-là.» Quarante-huit heures après le dévoilement du budget 2022-2023, le Dr Alain Piché, qui dirige à Sherbrooke l’une des trois cliniques publiques ambulatoires post-COVID, attend d’avoir plus de détails, mais il est d’ores et déjà soulagé: «Ces malades ne seront plus livrés à eux-mêmes, comme c’était plus ou moins le cas jusqu’à présent.» Sa consœur directrice d’une unité post-COVID-19 au sein de l’Institut de recherches cliniques de Montréal, la Dre Emilia Liana Falcone, considère elle aussi que ces annonces «pointent dans la bonne direction. C’est une reconnaissance pour ces patients qui se sentaient mal compris, voire ignorés», souligne la médecin. Une reconnaissance aussi pour ses travaux, elle qui cherche depuis un an à mieux comprendre les effets à long terme d’une infection au SRAS-CoV-2. Selon les éléments dévoilés mardi, le gouvernement a prévu une enveloppe budgétaire de 20,5 M$, sur trois ans, pour «instaurer 15 cliniques afin d’offrir des soins et des services spécialisés et multidisciplinaires aux patients souffrant de la COVID longue et d’effectuer de la recherche scientifique». Le plan budgétaire précise qu’il y aura cinq «centres de référence» à Montréal, Québec et Sherbrooke, et 10 «centres satellites» répartis dans la province. «Des physiothérapeutes, des travailleurs sociaux, des infirmières, des coordonnateurs et des agents administratifs seront engagés dans ces cliniques», peut-on également lire dans le document du ministère des Finances. Cette organisation, qui combinerait prise en charge et recherche avec des centres de référence et des cliniques satellites, est une idée mise de l’avant dans un rapport de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), publié la veille du budget et pour lequel la Dre Falcone a été consultée. «Je suis personnellement très heureuse de voir que l’on va intégrer la recherche en évaluation clinique», déclare-t-elle. «La COVID longue, ses symptômes, son évolution et ses mécanismes sous-jacents restent mal compris. C’est une nouvelle maladie dont la compréhension va nous aider pour d’autres maladies qui ont des symptômes communs, telles l’infection post-maladie de Lyme ou la fibromyalgie», ajoute l’infectiologue. De son côté, le Dr Piché considère que cette organisation, avec la mention de la ville de Sherbrooke, «semble confirmer que notre clinique sera reconnue. Je ne vois d’ailleurs pas comment on serait exclu de ça». En attendant d’avoir des nouvelles, le microbiologiste-infectiologue au CIUSSS de l’Estrie s’est dit étonné par le chiffre de «9000 patients qui présentent des symptômes post-COVID-19» évoqué dans le plan budgétaire. «Si on se fie à l’ensemble des études, un tiers à la moitié des patients atteints par le virus développent un ou des symptômes de la forme longue de la maladie. La grande question, c’est la prévalence de la COVID longue avec Omicron. Si un tiers des deux à trois millions de Québécois infectés par le variant ont des symptômes post-COVID-19, on dépasse largement ce chiffre», calcule-t-il en précisant que «tous ne nécessiteront pas une prise en charge, ou un suivi à long terme», ce qui complique encore plus l’exercice de planification des services, souligne le médecin. L’autre enjeu souligné par le Dr Piché, et qui est «assez majeur» selon lui, ce sont les ressources humaines. «Entre les délestages et les pénuries de main d’œuvre, ça ne va pas être facile de trouver des réceptionnistes, des infirmières et des physiothérapeutes», anticipe-t-il

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