COVID-19: une infection par Omicron vaut-elle une dose booster?

Retour en décembre 2021-janvier 2022. Alors que les doses de rappel du vaccin contre la COVID-19 sont administrées — en priorité aux aînés et aux travailleurs de la santé, puis à l’ensemble de la population —, la cinquième vague déferle au Québec sous le signe du variant Omicron. Dans ce contexte, la Santé publique recommandait aux personnes ayant eu deux doses de vaccin et une infection récente d’attendre trois mois avant d’obtenir leur booster, en partant du principe qu’elles bénéficiaient du même niveau de protection qu’avec trois doses de vaccin. Cette recommandation allait devenir le point de départ d’une recherche menée à Montréal par la Dre Hélène Decaluwe, en collaboration étroite avec l’équipe de la Dre Jennifer Gommerman, de l’Université de Toronto. «On s’est demandé si c’était pertinent d’attendre trois mois.» Autrement dit, «est-ce qu’une infection protège autant qu’un rappel de vaccin?», résume l’immunologiste pédiatrique au CHU Sainte-Justine qui participait à l’époque au Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC) ainsi qu’au consortium canadien de recherche sur les variants de la COVID-19, le CoVaRR-Net. La chercheuse et son équipe disposaient de deux cohortes «assez exceptionnelles», pour lesquelles ils avaient des échantillons de sang. La première était constituée de 52 travailleurs de la santé montréalais infectés au tout début de la pandémie qui ont ensuite reçu leurs deux doses de vaccin. La seconde était composée de 71 Torontois ayant eux aussi été doublement vaccinés, mais sans infection préalable. Les scientifiques ont ensuite distingué les personnes contaminées par le variant Omicron de celles qui ayant reçu un rappel vaccinal. Pour chaque groupe, ils ont analysé la réponse immunitaire en se concentrant sur les anticorps produits et leur capacité à neutraliser le virus, ainsi que sur la réponse de la mémoire immunitaire cellulaire. Leurs résultats, publiés récemment dans la revue Mucosal Immunology, montrent que chez les personnes préalablement vaccinées, «l’étendue et l’ampleur des réponses des cellules lymphocytes T étaient comparables dans les deux contextes». En revanche, «on a constaté de grosses différences au niveau des anticorps neutralisants chez les personnes n’ayant jamais vu le virus antérieurement à leur vaccination. L’infection par Omicron présentait un plus gros potentiel de fabrication de ces anticorps neutralisants que la troisième dose de vaccin», indique la Dre Decaluwe. De plus, si le rappel vaccinal avait un impact limité sur les anticorps IgA présents dans les muqueuses nasales et salivaires, l’infection par Omicron augmentait leur production, «ce qui favorise une protection plus efficace contre le virus en évitant qu’il ne pénètre dans le corps».Mimer une infection localeL’immunologiste en déduit qu’une approche combinée de vaccins intramusculaires et de vaccins par voie muqueuse pourrait être une avenue efficace pour prévenir les infections graves au SARS-CoV-2 et réduire la transmission de la COVID-19. «Nos résultats suggèrent en effet qu’une dose de rappel à l’aide d’un vaccin intranasal, qui viendrait mimer une infection locale, serait pertinente pour restimuler le système immunitaire muqueux et faire barrière au SARS-CoV-2», précise-t-elle en ajoutant toutefois ne pas savoir combien de temps dure la protection offerte par la stimulation de la paroi nasale, comparée à celle du booster.La vaccination intranasale existe déjà, notamment contre la grippe. S’agissant de la COVID-19, plusieurs candidats vaccins nasaux sont en en cours de développement et font présentement l’objet d’essais cliniques. «On n’a pas encore de données solides, mais il y a de l’espoir», considère la Dre Decaluwe en soulignant qu’il reste beaucoup de questions en suspens quant à leur efficience et leur éventuelle combinaison avec des vaccins intramusculaires.

COVID-19: une infection par Omicron vaut-elle une dose booster?

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes