Les niveaux de soins, «absolument nécessaires» en période de pandémie

Alors que les unités de soins intensifs en Italie débordent et que le pays peine à soigner tous ses patients, le Québec se prépare aux différents enjeux éthiques que pourrait entraîner la pandémie.Contacté par ProfessionSanté.ca, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a confirmé qu’un groupe de travail a été formé et se penche sur l’élaboration d’un protocole national de triage pour les soins intensifs, si l’évolution de la situation rendait cette éventualité nécessaire.Le protocole devrait être publié sous peu et intégrera les considérations cliniques, éthiques et organisationnelles des situations potentielles de manque de ressources en soins intensifs.«Dans un contexte normal, on ne se pose pas la question à savoir si on donne aux patients un accès aux soins intensifs, puisque c’est acquis. Alors que dans le contexte de pandémie, on pourrait entrer dans une dynamique où il faut maximiser la plus grande survie pour le plus grand nombre de patients. La relation de soin passe d’un prisme individuel à quelque chose de collectif», explique Élodie Petit, conseillère en éthique.La mise en place d’un protocole national permettrait entre autres d’éviter à ce que la décision ne repose uniquement sur les épaules du clinicien.À lire aussi: COVID-19: Les médecins italiens confrontés à des choix difficiles«C’est une situation extrêmement anxiogène actuellement pour les professionnels de la santé de ne pas être capables de subvenir à la demande. Il faut éviter que le médecin ait à choisir entre deux personnes qui ont les mêmes chances de survie, par exemple. C’est l’idée d’avoir un protocole qui prend la décision pour le soignant au chevet des patients», ajoute Élodie Petit.L’importance des niveaux de soinsOr, selon elle, connaître les niveaux de soins des patients à l’avance pourrait en partie éviter la surcharge des hôpitaux et des soins intensifs dans un contexte de limitation de ressources.«En contexte de pandémie, on ne pourra pas sauver tout le monde. Donc c’est très important de ne pas mettre de niveau de soins maximum pour les gens où le portrait clinique ne correspond plus à un tel niveau de soins. De plus, ce n’est pas tout le monde qui souhaite être réanimé ou transférer à l’hôpital», explique la conseillère en éthique.Bien que le ministère ait fait une demande formelle aux CHSLD afin que tous les résidents aient un niveau de soins rempli, Élodie Petit croit que tous les patients devraient en avoir un.«C’est sûr qu’il faut prioriser les patients fragiles actuellement. Est-ce que les médecins de famille pourraient avoir cette conversation-là avec leur patient? Bien entendu. Plus le clinicien connaît le patient, plus c’est facile d’avoir cette discussion», dit-elle.Élodie Petit rappelle toutefois que les médecins ne sont pas tous à l’aise d’aborder le sujet avec les patients, et plusieurs évitent de le faire. La pandémie pourrait toutefois changer la donne.«Je pense que la pandémie va avoir un effet de sensibilisation sur les niveaux de soins. Il s’agit d’un des outils de communication fondamentale et on va se rendre compte à quel point c’est important», croit-elle.Triage pour l'ECMOLe Québec n'est pas la seule province a étudier la mise en place de protocoles de triage.L’Alberta, par exemple, a mis au point un système de triage à quatre niveaux pour l’oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO), afin d'aider à gérer les ressources pendant la pandémie de COVID-19, a rapporté le JAMC (Journal de l’Association médicale canadienne).On y suggère de définir clairement les critères de référence à l’avance pour l’ECMO, en veillant à ce qu’une personne spécialisée soit toujours présente 24/7 dans l’équipe pour évaluer et examiner chaque cas individuellement.

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