COVID-19 et mortinaissance: un lien de causalité impossible à établir, estime l’INSPQ

Pour en arriver à cette conclusion, l’INSPQ a réalisé une analyse populationnelle rétrospective auprès d’un peu plus de 32 000 femmes qui ont débuté une grossesse pendant la pandémie, soit durant la période s'étalant du 23 février 2020 au 25 avril 2021. Ces femmes, dont près de 1000 étaient infectées par le SRAS-CoV-2, ont accouché dans un centre hospitalier de soins généraux et spécialisés du Québec. Selon les données recueillies, la fréquence des cas de prééclampsie, de diabète gestationnel, d’hypertension gestationnelle, d’insuffisance rénale aiguë et de décollement prématuré du placenta était similaire chez les femmes avec et sans infection à la COVID-19. De plus, la proportion de mortinaissances (décès survenu à au moins 20 semaines de gestation) était légèrement moins élevée parmi les femmes ayant contracté le coronavirus que parmi celles n’ayant pas été infecté. Toutefois, cette différence n'était pas significative, indiquent les auteures du document, Rachel McKay et Isabelle Rouleau. Pourtant, de nouvelles recherches publiées récemment ont indiqué que le coronavirus peut envahir et détruire le placenta, et entrainer la mortinatalité chez les femmes infectées. De plus, l’an dernier une méta-analyse du CHUM a révélé que la COVID-19 semblait augmenter le risque de prééclampsie et de mortinaissance. Un lien possible Par contre, la méta-analyse du CHUM et l'analyse rétrospective, plus récente, de l’INSPQ observent toutes les deux un risque accru d’accouchement prématuré chez les femmes atteintes de la Covid, ainsi qu'une prévalence d’accouchement par césarienne plus importante. De plus, les deux études ont constaté que la proportion de nouveau-nés ayant eu recours aux soins intensifs néonatals était légèrement plus élevée chez ceux qui étaient nés d’une mère ayant été infectée. Plus précisément, selon l’analyse de l’INSPQ, la fréquence des naissances prématurées était presque trois fois plus élevée chez les femmes ayant été infectées par le coronavirus au cours des dix jours précédant l’accouchement. Aussi, parmi les femmes infectées au moment de l’accouchement, 36,1% ont accouché par césarienne, par rapport à 26,6% pour celles qui n’avaient pas la Covid. Ces résultats obligent les auteures de l’analyse à ne pas fermer la porte à un lien de causalité entre une infection à la COVID-19 et les issus défavorables des grossesses. «La constance de certains résultats avec ceux publiés dans la littérature scientifique et leur plausibilité biologique soulève néanmoins la possibilité d’un lien de causalité», indiquent-elles. Plusieurs limites à l’étude Selon l’INSPQ, le rapport comporte plusieurs limites. Notamment, les bases de données médico-administratives contiennent des erreurs de saisie et des données manquantes. «L’appariement des bases de données pourrait être incomplet ou inexact à cause des numéros d’assurance maladie (NAM) erronés (particulièrement pour les trajectoires de santé publique et les données de laboratoire)», est-il relaté dans l’analyse. De plus, les données considérées couvrent une période de la pandémie où les variants Delta et Omicron n’étaient pas encore présents et pendant laquelle les couvertures vaccinales étaient faibles. «Une généralisation de ces résultats à la situation épidémiologique actuelle doit être faite avec prudence.» Par ailleurs, l’INSPQ dit être en réflexion pour évaluer la possibilité de continuer le suivi de la Covid chez les femmes enceintes. L’Institut estime toutefois qu’il serait important de regarder de près la santé mentale des femmes ayant vécu une grossesse et une période post-partum pendant la pandémie et ce, durant une longue période, afin de mettre en lumière les effets potentiels à long terme.

COVID-19 et mortinaissance: un lien de causalité impossible à établir, estime l’INSPQ

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