Cosmétiques et produits d’hygiène: différencier les ingrédients potentiellement toxiques des ingrédients sécuritaires

Dans le numéro de juin de L’actualité pharmaceutique, nous avions parlé du livre de Gillian Deacon1 qui traitait des ingrédients potentiellement toxiques à long terme que pouvaient contenir les produits d’hygiène et de maquillage. Pour faire suite à cet article, voici un résumé de ces ingrédients qui pourraient être nocifs, ainsi que de ceux qui pourraient les remplacer.En tant que gardiens de la santé, avoir à l’œil ces ingrédients controversés vous permettra d’être mieux outillés si vos patients vous questionnent sur les produits à choisir ou si vous désirez modifier ou élargir l’offre de produits dans votre pharmacie.Déchiffrer les étiquettes2 Depuis 2006, tous les cosmétiques (ce qui inclut les produits d’hygiène), notamment aux États-Unis et dans l’Union européenne, ont l’obligation de lister leurs ingrédients sur l’étiquette en respectant la nomenclature INCI (International Nomenclature of Cosmetic Ingredients). Les quatre à huit premiers ingrédients nommés constituent la base du produit. Sont ensuite énumérés les agents actifs et de conservation. Les ingrédients qui forment moins de 1 % du produit peuvent être nommés dans le désordre.Aux États-Unis, les produits peuvent obtenir la certification « organic » ou « 100% organic » du ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA).Les produits européens, eux, peuvent obtenir des certifications biologiques, comme Cosmébio, Soil association et AIAB. En outre, BDIH (une association fédérale allemande) certifie l’origine naturelle des ingrédients notamment pour les soins corporels.Ecocert, organisme basé en France, certifie non seulement les ingrédients, mais le produit en entier. Au Québec, la seule compagnie à posséder cette certification est Druide. Un cosmétique certifié « Ecocert » doit contenir 95 % ou plus d’ingrédients naturels et 10 % d’ingrédients biologiques. Seuls quelques ingrédients de synthèse sont permis. Pour recevoir la certification, l’entreprise doit aussi installer un système de gestion des déchets et un plan de gestion de l’énergie.Si vous désirez soutenir le commerce équitable, les principaux certificateurs internationaux à surveiller sont Transfair, IFAT, Max Havelaar et Fair Trade Federation.Attention aux allégations fautives! Ce n’est pas parce qu’une étiquette indique qu’un produit est naturel qu’il est exempt d’ingrédients chimiques. Il faut différencier un cosmétique biologique d’un cosmétique qui contient des ingrédients biologiques. Beaucoup de cosmétiques contiennent un ou plusieurs ingrédients biologiques (souvent en très petite quantité), mais également divers ingrédients de synthèse potentiellement nocifs. Il importe donc de lire les étiquettes pour identifier les ingrédients biologiques (généralement suivis d’un astérisque) et la proportion dans laquelle on les retrouve (sont-ils inscrits en début ou en fin de liste?).De son côté, l’attestation « Québec vrai » requiert qu’un produit contienne le plus d’ingrédients naturels possible et une majorité d’ingrédients biologiques. Un cosmétique peut donc inclure une très faible proportion d’ingrédients naturels ou biologiques, ainsi que des ingrédients de synthèse. Cependant, seuls certains ingrédients de synthèse sont autorisés et aucun ingrédient superflu n’est permis.Parmi les cosmétiques certifiés « Québec vrai », on retrouve notamment Zorah biocosmétiques et Soins corporels l’herbier.À noter, le temps de conservation des produits naturels et biologiques est généralement moindre, donc il est préférable d’en acheter en plus petite quantité. Par ailleurs, même si les certifications sont importantes, les plus petits joueurs pourraient avoir plus de difficulté à les payer. Lire l’étiquette s’avère donc, encore une fois, primordial.Ingrédients à éviter1,3DEA/TEA/MEA (diéthanolamine/triéthanolamine/monoéthanolamine) : émulsifiants et agents moussants chimiques dans les shampooings, le maquillage et les nettoyants pour le visage et le corps. On les soupçonne d’être cancérigènes; ils se combinent également aux nitrates pour former des nitrosamines cancérigènes. Puisqu’aucune réglementation n’exige de divulguer la sous-production de nitrosamines, il faut aussi surveiller les termes « cocamide diéthanolamine », « lauramide diéthanolamine » et « oléamide diéthanolamine ».Émollients dérivés de silicone : ingrédients non biodégradables donnant une apparence lisse à la peau et aux cheveux. Ils peuvent irriter la peau et causer de l’acné. Ex. d’autres appellations : cyclométhicone, diméthicone et diméthicone copolyol.Extraits placentaires : associés à des perturbations endocriniennes (produits pour la peau et les cheveux).Goudron : carcinogène connu dérivé de la houille qu’on retrouve dans les produits exfoliants pour le bain, les teintures capillaires, les shampooings antipoux et antipellicules, et dans les traitements contre la peau sèche et les rougeurs faciales.Formaldéhyde : carcinogène affectant potentiellement le système immunitaire et irritant cutané. Additif ou contaminant dans certains colorants pour cheveux, adhésifs pour faux cils, shampooings, produits pour les ongles, etc. Ex. d’autres appellations : formaline, DMDM hydantoïne, imidazolidinylurée.Fragrance/parfum : aucune loi n’oblige les entreprises à énumérer les ingrédients qui composent les fragrances chimiques dans leurs produits. Pourtant, elles sont associées à des maux de tête, des étourdissements, de l’asthme, des allergies et à des effets sur le système nerveux central. L’Environmental Working Group aux États-Unis et Greenpeace ont fait tester des produits avec fragrances et y ont découvert des taux élevés de phtalates et de muscs artificiels. Conseillez plutôt des produits sans parfum ou parfumés avec des huiles essentielles.Huile minérale : sous-produit du pétrole retrouvé notamment dans les huiles pour bébés, les crèmes hydratantes, les baumes et rouges à lèvres, les fonds de teint, les gels coiffants. Cette pellicule de plastique empêche la libération des toxines.Hydroquinone : associée à la toxicité reproductive, développementale et organique, au cancer, à l’immunotoxicité et à la neurotoxicité, et utilisée dans les crèmes pour blanchir la peau. Contaminant dans certains autres produits.Laurylsulfate de sodium (SDS), lauryl éther sulfate de sodium (SLES) : facilement absorbé par la peau, cet irritant reconnu est ajouté pour faire mousser les produits. Présent dans plusieurs produits nettoyants (pour le visage, le corps, les cheveux, les dents, mousse pour le bain). Ex. d’autres appellations : sel de sodium, acide sulfurique, ester monododécyle.Mercure : encore présent dans certains mascaras, les gouttes oculaires, les médicaments topiques et les vaccins, cet allergène cause des problèmes neurologiques et affecte le développement du cerveau. Ex. d’autres appellations : thimérosal, mercurochrome.Oxybenzone : agent actif dans la plupart des crèmes solaires, il s’accumule dans les tissus adipeux, a été en cause dans des cas d’allergies, de perturbations hormonales, de dommages cellulaires et peut diminuer le poids des bébés naissants.Parabènes : agents de conservation chimiques (shampooings, lubrifiants, dentifrices, etc.) liés à des perturbations endocriniennes, à la toxicité reproductive, à l’immunotoxicité, à la neurotoxicité et à des dermatites de contact. Ex. d’autres appellations : acide 4-hydroxybenzoïque, ester propylique, propylée 4-hydroxybenzoate, acide benzoïque et acide 4-hydroxybutyrique.Paraphénylènediamine (PPD) : composé chimique qui cause des allergies, des dermatites et a été associé au cancer. Ajouté aux teintures et autres produits pour les cheveux. Ex. d’autres appellations : diamino-1,4-benzène.Phtalates : se retrouvent dans les fragrances de produits et sont liés au cancer, à des perturbations hormonales, à des dommages au foie, aux reins et aux poumons. Les nouveaux rideaux de douche en dégagent également.Plomb : considérée comme un contaminant, cette neurotoxine carcinogène qui perturbe les hormones n’apparaît pas dans la liste des ingrédients de produits comme le rouge à lèvres. On la retrouve aussi dans des colorants capillaires.Polyéthylène glycol (PEG) : substance favorisant la pénétration, et donc facilement absorbée par la peau, qui peut être contaminée par carcinogènes que sont le 1,4-dioxane et l’oxyde d’éthylène. Elle peut avoir un effet irritant et acnéique et pourrait être associée à des tumeurs, puisqu’elle s’accumulerait dans le foie et les ganglions lymphatiques. Ex. d’autres appellations : macrogol, propylène glycol.Surfactants éthoxylés et 1,4-dioxane : présents dans plusieurs produits (shampooings, savons et gels nettoyants pour enfants, produits défrisants, etc.), mais jamais mentionnés sur l’étiquette, puisqu’ils s’avèrent des contaminants (ou sous-produits), plutôt que des ingrédients. Les substances contenant les lettres « eth » ou le suffixe « xynol » indiquent la présence de 1,4-dioxane (polyéthylène, laureth sulfate de sodium, etc.).Talc : présent dans certaines poudres pour bébés, des fards à paupières, à joues et des désodorisants, sa composition ressemble à celle de l’amiante. Associé au cancer des ovaires et toxine respiratoire potentielle. Notamment pour le maquillage, privilégiez plutôt les produits à base de substances minérales, comme le mica, qui adhèrent naturellement à la peau sans que l’ajout d’autres substances soit nécessaire.Toluène : ingrédient toxique pour le système immunitaire et perturbateur endocrinien potentiel utilisé dans les colorants capillaires et les produits pour les ongles. Ex. d’autres appellations : méthylbenzène, toluol, benzène, etc.Triclosan : influerait sur les hormones et potentiellement cancérigène. Présent dans des produits antibactériens et désinfectants, des savons, des nettoyants et des désodorisants.Bien sûr, plus de recherches sont nécessaires sur l’ensemble de ces ingrédients.Où trouver des solutions de rechange?1,2Voici des exemples de compagnies fabriquant des produits certifiés biologiques ou équitables :Au Québec : DruideAu Canada : Green Beaver, Prairie Naturals, Pure Anada, Rocky Mountain, The Soap WorksAux États-Unis : Gabriel Cosmetics, Aubrey Organics, 100% pure, Dr Hauschka, Dr. Bronner’s, Quantum Health, Eco-Dent, LaveraEn France : Couleur Caramel, Les terriennesEt pour ceux qui tiennent à la cause sociale et environnementale, les cosmétiques Themis, notamment, sont certifiés biologiques et équitables.Sources1. Deacon, Gillian. Du plomb dans votre rouge à lèvres. Les Éditions de l’Homme. 2011.2. La vie en vert. 3. www.gilldeacon.ca/images/Deacon_LeadinyourLipstick_Wallet%20Card_web.pdf

Cosmétiques et produits d’hygiène: différencier les ingrédients potentiellement toxiques des ingrédients sécuritaires

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes