Coqueluche chez les bébés: la stratégie du cocon pourrait la prévenir

Des chercheurs de Halifax ont cherché à savoir si l’immunisation des femmes à la fin de leur grossesse ou en période post-partum protégerait leurs bébés contre la coqueluche.La coqueluche est bien contrôlée chez les enfants d’âge préscolaire ou scolaire. En revanche, ceux qui sont trop jeunes pour avoir terminé ou même débuté leur série de vaccins comptent pour la majorité des victimes de la maladie et pratiquement tous les décès qui y sont liés au Canada et dans les autres pays occidentaux.Cette situation est principalement attribuable à une réémergence de la maladie chez les adolescents et les adultes que les autorités sanitaires tentent de juguler mais, entre-temps, des chercheurs examinent de meilleurs moyens de protéger les bébés les plus vulnérables.Des chercheurs du Centre de recherche des études cliniques de l’Université de Dalhousie et du Centre canadien d’immunisation, à Halifax, étudient de nouvelles approches. L’une d’elles est la stratégie du «cocon», par laquelle la mère est immunisée pour éviter qu’elle ne soit infectée par la maladie et la transmette à son bébé.«Toutefois, nous ignorons si la réponse immunitaire au vaccin anatoxines diphtérique et tétanique (DCaT) est suffisamment rapide pour appuyer la stratégie du «cocon», a expliqué Beth Halperin à la Conférence. Une réponse rapide est essentielle si les femmes ne sont pas vaccinées avant l’accouchement.»Conférencière en maladies infectieuses, Beth Halperin a présenté des données sur un groupe de femmes vaccinées dans la période du post-partum dans le but d’induire des anticorps sécrétoires qui peuvent être transférés au nourrisson par le lait maternel.Les résultats ont été décevants. Ils suggéraient que la réponse des anticorps sériques chez les femmes ne serait pas assez rapide ou pas systématiquement transférée au lait maternel pour immuniser l’enfant.Les chercheurs ont recruté 50 femmes la veille de leur accouchement. Ils les ont réparties aléatoirement pour recevoir le DCaT ou aucun vaccin. Ils ont effectué une surveillance immunologique qui comprenait les taux sériques des IgC et des IgA ainsi que les taux d’IgA du lait maternel contre quatre antigènes de la coqueluche: l’anatoxine coquelucheuse, l’hémagglutinine filamenteuse, la pertactine et les fimbriae-2/3.Chez les femmes vaccinées, les taux sériques d’IgG maternels pour tous les antigènes ont atteint leur pic au jour 10, et y sont demeurés jusqu’au jour 28. La réponse par les anticorps sériques IgA a suivi un modèle semblable, atteignant un pic au jour 10, mais les anticorps de type IgA contre tous les antigènes ont commencé à baisser entre les jours 14 et 28.D’autre part, la réponse par les anticorps de type IgA dans le lait maternel était variable, certaines femmes ne produisant pas d’anticorps contre aucun des antigènes, et d’autres produisant des anticorps contre un ou plus des quatre antigènes. Chez les femmes qui ont produit des anticorps, la cinétique de la réponse était similaire à celle observée pour les IgA sériques.Comme on s’y attendait, il n’y a pas eu de réponse par anticorps à aucun des antigènes coquelucheux chez les femmes vaccinées.«La réponse par les anticorps de type IgG et IgA chez les femmes en post-partum, quoique suggérant une réponse immunitaire anamnestique, ne serait pas suffisamment rapide pour entraîner un transfert de l’immunité humorale à l’enfant par le lait maternel, a dit Beth Halperin. La vaccination des femmes au milieu ou à la fin du troisième trimestre de la grossesse serait nécessaire pour protéger l’enfant, particulièrement pendant les premiers 10 jours de vie.»Les chercheurs de l’Université de Dalhousie ont entrepris une étude sur cette dernière approche. Ils ont l’intention de recruter 440 femmes dont la grossesse atteint la fin du troisième trimestre et de les randomiser pour recevoir soit le DcaT, soit le vaccin contenant les toxoïdes tétanique et diphtérique (Td). Actuellement, 18 femmes ont été recrutées, mais après les 50 premières, il y aura une «pause sécuritaire» jusqu’à ce que les bébés soient âgés de 7 mois, a dit le Dr Scott Halperin, directeur de l’étude, professeur de pédiatrie et directeur des deux centres.Cette mesure sécuritaire ne consiste pas à évaluer l’effet sur la femme enceinte, mais plutôt de voir quels sont les effets de taux élevés d’anticorps maternels sur le fœtus.«Nous voulons nous assurer qu’en leur donnant des taux élevés d’anticorps maternels par le placenta, nous ne supprimons pas leur réponse immunitaire à une vaccination active, a dit le Dr Halperin. Il sera intéressant de voir s’il y a une différence à ce stade (entre les enfants dont les mères ont reçu le DCaT ou le Td) et si nous sommes prêts à accepter une réponse immunitaire diminuée chez les enfants de sept mois pour avoir une plus grande protection chez ceux de deux mois.»Retour au compte rendu de congrès de la Canadian Immunization Conference

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