Congrès de l’AQPP: «Il est impératif de s’occuper du droit de propriété»

Il est «impératif» de s’occuper du droit de propriété exclusif des pharmaciens québécois, a déclaré le président de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP), Benoit Morin, dans un panel à ce sujet lors du congrès de l’association qui s’est déroulé les 17 et 18 novembre derniers à Québec. Outre Benoit Morin, le panel réunissait Bertrand Bolduc, président de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), et Hugues Mousseau, directeur général de l’Association des bannières et des chaînes de pharmacies du Québec (ABCPQ). D’emblée, les trois panélistes ont souligné qu’ils s’entendaient sur l’importance du droit de propriété exclusif des pharmaciens québécois et que celui-ci était au bénéfice des patients et de tous les acteurs du milieu de la pharmacie. C’est plutôt lorsqu’il est question de l’interprétation de ce qu’est le droit de propriété et de la portée de celui-ci que les avis divergent. Pour Hugues Mousseau, le droit de propriété est un enjeu certes important, mais qui ne doit pas masquer d’autres enjeux à son avis plus pressants tels que la pénurie de main-d’œuvre en pharmacie, les gains d’efficience qu’il est encore possible de réaliser ou la démonstration par des données probantes du rôle que peuvent jouer les pharmaciens communautaires dans les soins de santé. Cet avis semblait partagé par plusieurs participants au congrès, car l’effritement du droit de propriété a été mentionné comme une préoccupation par 13 % d’entre eux, lors d’un sondage non scientifique réalisé au début du congrès, tandis que 78 % qui estimaient que la pénurie était leur principale préoccupation. Le président de l’AQPP a cependant souligné que les pharmaciens propriétaires pouvaient s’occuper des différents dossiers en même temps et que le meilleur moyen de garantir la pérennité de la pharmacie communautaire québécoise passait par un droit de propriété fort. Benoit Morin s’est inquiété de voir ce droit de propriété glisser tranquillement, notamment avec des contrats d’adhésion qui comportent des clauses inacceptables, selon lui. Il a donné l'exemple d'une clause qui stipule qu’un pharmacien propriétaire qui vend sa pharmacie doit céder ses dossiers patients. «Il n’y a pas de mauvais pharmaciens propriétaires, mais il y a de mauvais contrats d’adhésion», a-t-il illustré. Hugues Mousseau était également d’accord qu’une telle clause ne devrait pas être permise, car ces données appartiennent avant tout aux patients eux-mêmes. Il a souligné qu’il était important pour les nouveaux propriétaires d’être formés sur ce genre de questions et de s’entourer de conseillers juridiques indépendants. Bertrand Bolduc a tenu à souligner que la question du droit de propriété, qui fait partie de l’indépendance professionnelle, n’est pas un dossier qui vise uniquement les propriétaires, mais bien tous les pharmaciens. «Tout le système professionnel québécois repose sur la confiance qu’a la population envers les professionnels, a-t-il expliqué. Il faut maintenir cela à tout prix, car si les patients ont un doute, nous avons un problème.» Les propriétaires de pharmacie ont le devoir de créer un environnement pour que leurs salariés puissent aussi exercer en toute indépendance, a tenu à rappeler le président de l’OPQ. Les trois panélistes ont ensuite répondu à différentes questions. Par exemple, la charge de travail actuelle fragilise-t-elle le droit de propriété? Benoit Morin a répondu qu’il est important pour les propriétaires de bien s’entourer pour éviter de «perdre le contrôle». Bertrand Bolduc a renchéri qu’il était important de s’entourer de professionnels externes réellement indépendants.

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