Congrès de l'AMQ: Organisation des soins et technologies au secours de la première ligne

Comment offrir plus de soins avec moins de médecins ? En misant sur les pratiques gagnantes d’organisation des soins et l’utilisation des nouvelles technologies. C’est la solution qui a été mise de l’avant pour consolider la première ligne au congrès de l’Association médicale du Québec qui s’est déroulé à Montréal les 4 et 5 avril dernier.Une liste d’attente de… zéro patient ! C’est possible, affirme la Dre Raymonde Vaillancourt, médecin de famille à la Clinique Santé Jacques-Cartier, à Sherbrooke. « J’avais 500 patients sur ma liste d’attente avant de faire partie d’un groupe de médecine de famille (GMF). J’ai pris 150 patients de plus et maintenant je n’ai aucun patient sur ma liste d’attente. »Tous les patients sont vus dans la semaine au GMF Vimy. L’équipe formée de 14 médecins et 3 infirmières cliniciennes prennent en charge plus de 5000 patients vulnérables, soit 41 % de la clientèle.On compte environ 170 GMF au Québec. La formule connaît un vif succès parce qu’elle permet de dégager le médecin d’une partie des tâches administratives et délègue à une infirmière le suivi des malades chroniques, comme les personnes atteintes de maladies pulmonaires obstructives chroniques (MPOC) ou de diabète.Puisque les maladies chroniques représentent 75 % à 80 % des dépenses totales en santé, il est primordial de viser des soins plus efficaces, souligne le président de l’Association médicale du Québec (AMQ), le Dr Jean-Bernard Trudeau.Mais 60 % des cabinets ne sont pas des GMF et doivent tout de même prendre le virage de l’interdisciplinarité.« Il y a énormément de cynisme de la part des omnipraticiens qui ne travaillent pas au sein d’un GMF. Il faut les convaincre que c’est efficace », affirme le Dr Gerry Bédard, médecin-conseil au Groupe Conseil Santé Concerto. Le Dr Bédard conseille deux GMF de la région de Lanaudière pour le déploiement d’équipes interdisciplinaires dans leur clinique privée. Il s’agit d’un modèle de GMF amélioré. Le projet vise à assurer une meilleure prise en charge de certains malades chroniques et à introduire les programmes de santé publique dans la pratique.Cliniques-réseauLes 26 cliniques-réseau de l’île de Montréal représentent un autre exemple de pratique gagnante. Ouvertes 365 jours par an à des heures étendues, elles répondent au problème de l’accessibilité à un médecin de famille. Elles disposent souvent d’un plateau technique de radiologie, de chirurgie mineure et d’un centre de prélèvements, en plus de bénéficier d’un corridor de services privilégiés avec les hôpitaux du CSSS.Résultat : les visites à l’urgence pour les cas non urgents sont passées d’environ 50 % à 18 % à l’Hôpital du Sacré-Cœur, rapporte le Dr Albert Benhaim, de la clinique Physimed. Le succès du concept est tel qu’il évolue vers celui de cliniques-réseau intégrées, avec l’ajout d’une équipe multidisciplinaire de professionnels de la santé. Deux cliniques-réseau intégrées rattachées à l’Université de Montréal et à l’Université McGill ouvriront leurs portes dans quelques semaines.Bref, le milieu clinique innove pour répondre aux problèmes d’accessibilité aux soins dans un contexte de pénurie de médecins de famille. « Les nouveaux lieux de pratique sont un levier pour donner plus de temps aux médecins », résume le Dr Jean-Bernard Trudeau.Nouvelles technologiesLes technologies jouent également un rôle pour libérer l’agenda des médecins. L’AMQ évalue que les médecins qui utilisent les technologies de l’information disposent d’au moins 20 % plus de temps, parce qu’ils ont « accès plus vite à l’information clinique et mettent fin à la duplication des tests et des examens ». Or, les erreurs médicales – le Dr Trudeau préfère parler d’erreurs de soins – coûtent cher.Ce n’est pas un hasard, dit-il, si le président américain Barack Obama a injecté 41 milliards $ pour accélérer l’informatisation des réseaux de santé publics et privés et un milliard pour cataloguer les meilleures pratiques pour les soins des malades chroniques. « Les erreurs médicales représentent la cinquième cause de mortalité aux États-Unis. Quand les systèmes ne sont pas intégrés, ça nous met à risque d’erreurs de médicaments et en salle d’opération. »À ce chapitre, le Dossier de santé du Québec (DSQ) actuellement en projet pilote dans la région de Québec promet de prévenir les doublons et les interactions médicamenteuses. « En 2011, on vise l’alimentation à 100 % pour toutes les pharmacies. Dans cinq ans, tous les médecins du Québec auront accès au profil pharmacologique et aux laboratoires de leurs patients », affirme le Dr Claude Poirier, médecin-conseil au DSQ.Avec le nouveau programme d’Inforoute pour amener les médecins à se doter de dossiers cliniques informatisés, le Québec sera à l’avant-garde. Pour arriver à nos objectifs d’améliorer les services en santé, « nous avons besoin d’un outil de communication aussi efficace que celui des banques », conclut le Dr Poirier. Oubliez les frasques financières des banques, l’informatisation du réseau de la santé sera nécessaire et… rentable.POUR EN SAVOIR PLUS :* Écoutez un extrait de l’entrevue accordée à L’actualité médicale par le Dr Jean-Bernard Trudeau, président de l’AMQ :Briser la résistance des médecins face aux nouvelles technologies* Les principales conférences présentées au congrès de l’AMQ sont disponibles à l’adresse suivante : http://www.amq.ca/fra/action.htm

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