Congrès annuel de l’AQPP - Loi 41, rémunération et transformations de l’industrie au menu

Le congrès annuel de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) s’est déroulé les 16 et 17 novembre au Centre des congrès de Québec. Loi 41, facturation des services et perspectives d’avenir de l’industrie pharmaceutique étaient notamment au menu du rendez-vous annuel des pharmaciens propriétaires. Voici un compte-rendu de certaines conférences présentées lors de l’événement.Loi 41De multiples changements à prévoirL’implantation des nouvelles activités professionnelles des pharmaciens qui découlent de l’adoption de la loi 41 aura un impact considérable sur les opérations courantes des pharmacies communautaires.C’est le message qu’a livré le pharmacien Luc Marmen, administrateur à l’AQPP, lors de la conférence qu’il présentait le 17 novembre afin de faire le bilan des travaux d’un comité mis sur pied par le syndicat professionnel. Ce comité avait pour but de faire des recommandations à l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) pour que l’implantation des nouvelles activités professionnelles tienne compte des contraintes actuelles expérimentées en officine.Le comité de l’AQPP a été mis sur pied dans la foulée de l’adoption de la loi 41 à l’Assemblée nationale du Québec, le 8 décembre 2011. Cette loi prévoyait que l’OPQ et le Collège des médecins du Québec (CMQ) s’entendent sur les modalités de nouveaux gestes professionnels que pourront poser les pharmaciens.Avec ce comité, Luc Marmen a souligné que l’objectif de l’AQPP est de réussir à implanter en laboratoire les nouvelles activités professionnelles autorisées par la loi 41 tout en préservant la rentabilité des pharmacies.De nombreux défis resteront cependant à surmonter, a-t-il prévenu. Selon lui, comme les nouvelles activités (renouvellements d’ordonnances, ajustement de certaines médicaments et prescription dans des cas précis) viendront s’ajouter aux opérations courantes des officines, leur implantation aura un impact significatif sur l’organisation du travail.Afin de rémunérer correctement les pharmaciens pour les nouvelles activités, d’importantes négociations devront être entreprises avec le gouvernement et les assureurs privés, a poursuivi Luc Marmen.Or, au moment où se déroulait le congrès, l’AQPP attendait de connaître les modalités finales des règlements du CMQ et de l’OPQ avant de dévoiler son plan d’action pour faire rémunérer les nouvelles activités.De son côté, lors d’un discours prononcé la veille, le président et directeur général du CMQ, le Dr Charles Bernard, a encouragé les pharmaciens et les médecins à travailler davantage en collaboration pour permettre aux patients de bénéficier des nouvelles pratiques qui découleront de la loi 41.Le Dr Bernard a rappelé qu’une meilleure communication entre les médecins et les pharmaciens est la clé du succès afin d’établir un climat propice à la collaboration interdisciplinaire.Lors de la période de questions à la fin de son discours, plusieurs pharmaciens ont fait part au Dr Bernard de leurs préoccupations par rapport aux obstacles que pourraient dresser certains médecins à la rémunération des pharmaciens pour les nouvelles activités, par crainte de voir leur propre rémunération affectée. Le Dr Bernard a répété à plusieurs reprises qu’il n’était pas du ressort de son ordre professionnel de se prononcer sur cette question et que les pharmaciens devaient plutôt s’adresser au ministre de la Santé et des Services sociaux ou aux fédérations médicales.Économie de la pharmacieUn enjeu de communicationLa compréhension par les médias et la population de l’économie de la pharmacie communautaire représente un important défi de communication, a expliqué lors d’une conférence le 17 novembre Louis Duchesne, vice-président Québec de l’agence de publicité Cossette.Selon Louis Duchesne, un exemple éloquent de cette mauvaise compréhension est survenu au cours de la dernière année, lorsqu’il a été question de la transparence et de la variation des prix et des honoraires entre des pharmacies concurrentes pour les patients disposant d’une assurance médicaments privée.Depuis 10 ans, Cossette travaille de façon plus étroite avec l’AQPP afin de valoriser l’image des pharmaciens propriétaires et de toute la profession en général au moyen de publicités diffusées à la télévision.Or, la question de la transparence des prix a mis en relief le besoin d’expliquer davantage aux patients et aux partenaires des pharmaciens la réalité économique de ces derniers, a poursuivi Louis Duchesne. Le vice-président Québec de Cossette a expliqué que son entreprise a le mandat de créer plusieurs outils au cours des prochains mois afin d’aider les pharmaciens dans cette tâche.Cossette compte également trouver des moyens de mieux expliquer les enjeux économiques des pharmaciens sur des questions relatives au prix des médicaments, aux honoraires et à la valeur de certains services.Industrie novatriceSécheresse d’innovationsLes entreprises pharmaceutiques de médicaments brevetés traversent présentement une période de « sécheresse d’innovations » qui les contraignent à revoir en profondeur leur modèle d’affaires.C’est le constat fait par le directeur général, Unité des soins primaires, de Pfizer Canada, Allen Van der Wee, lors de la conférence qu’il a prononcée le 17 novembre au congrès de l’AQPP.L’année 2012 représente celle où l’industrie pharmaceutique novatrice aura perdu le plus de ses brevets au profit de l’industrie du médicament générique, ce qui a forcé plusieurs entreprises à licencier des centaines d’employés, notamment en recherche et en développement.« Contrairement à ce que nous pouvions penser dans les années 1990, nous ne sommes pas le centre du monde et les médicaments novateurs ne représentent qu’une petite fraction dans les solutions de santé de nos patients », a souligné Allen Van der Wee.Selon le haut dirigeant de Pfizer Canada, cette admission que « l’industrie ait été la victime de son propre succès des années 1990 » lui permet aujourd’hui de développer de nouveaux modes d’opération afin de se relever de la perte de plusieurs de ses brevets.Allen Van der Wee indique que l’industrie novatrice essaie notamment de mieux comprendre le contexte dans lequel évoluent aujourd’hui les patients, ce qui lui permet de mieux cibler les domaines où son intervention est pertinente.Par exemple, les dernières années ont vu la collaboration interdisciplinaire se concrétiser davantage. Le patient interagit davantage avec d’autres professionnels que les médecins, comme les pharmaciens et les infirmières. Et l’industrie se doit de travailler en collaboration avec tous ces intervenants.Sur le plan de la recherche et du développement, Allen Van der Wee dresse un portrait similaire : l’industrie doit travailler davantage en partenariat avec le milieu universitaire et les entreprises de biotechnologie.L’industrie novatrice doit aussi se demander si le développement d’une nouvelle molécule est réellement pertinente pour traiter les patients et si elle est profitable sur le plan économique. Le constat d’Allen Van der Wee est simple : « Si c’est bon pour le patient, ce le sera aussi pour notre entreprise. »Industrie génériqueUne industrie en croissance, malgré les embûchesLes dernières années ont été profitables pour l’industrie du médicament générique, qui a vu la proportion des ordonnances remplies avec des produits généricisés augmenter de 28 % au Québec depuis 2008. Mais de nombreuses embûches surgissent sur le chemin de cette industrie.C’est ce qu’a fait valoir le président de l’Association canadienne du médicament générique (ACMG), Jim Keon, dans un discours où il a montré quelles étaient les perspectives d’avenir de son industrie.Dans un premier temps, le président de l’ACMG a rappelé la pertinence de son industrie : offrir des médicaments à un coût largement inférieur à celui des médicaments d’origine. À ce titre, il a souligné que 60 % des ordonnances exécutées au Canada le sont avec des médicaments génériques et que les dépenses que cela engendre sont quatre fois inférieures à ce que l’État dépenserait en optant exclusivement pour des médicaments brevetés.Jim Keon soutient que davantage d’économies pourraient être réalisées au Canada avec un recours plus grand aux médicaments génériques. Pour ce faire, l’ACMG souhaite notamment que le Canada facilite le processus de contestation judiciaire des brevets.L’ACMG déplore aussi que le Canada semble de plus en plus influencé par « l’approche inflexible » de la Food and Drug Administration, l’organisme de régulation des médicaments aux États-Unis.Autre élément de souci pour l’industrie du médicament générique : le désir de certaines provinces de s’unir afin de favoriser l’achat groupé de médicaments. Selon l’ACMG, cela risque de nuire à la concurrence en favorisant une entreprise au détriment de ses rivales.« L’objectif de l’AQPP est de réussir à implanter en laboratoire les nouvelles activités professionnelles autorisées par la loi 41 tout en préservant la rentabilité des pharmacies. »Luc Marmen « Une meilleure communication entre les médecins et les pharmaciens est la clé du succès afin d’établir un climat propice à la collaboration interdisciplinaire. »Le Dr Charles Bernard«La question de la transparence des prix a mis en relief le besoin d’expliquer davantage aux patients et aux partenaires des pharmaciens la réalité économique de ces derniers. »Louis Duchesne « Nous ne sommes pas le centre du monde et les médicaments novateurs ne représentent qu’une petite fraction dans les solutions de santé de nos patients. »Allen Van der Wee« Le désir de certaines provinces de s’unir afin de favoriser l’achat groupé de médicaments risque de nuire à la concurrence en favorisant une entreprise au détriment de ses rivales. »Jim Keon

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