Un premier système de messagerie électronique confidentielle pour les pharmaciens et leurs patients

Le pharmacien André Paquette, fondateur de ClinimailUn système de messagerie électronique confidentielle pour les professionnels de la santé et leurs patients sera accessible aux pharmaciens canadiens à compter d’octobre. Il les aidera à effectuer la surveillance des thérapies médicamenteuses.En effet, les pharmaciens pourront accéder gratuitement au portail sécurisé Clinimail pour communiquer avec leurs patients et «prendre de leurs nouvelles», indique le fondateur du site Web, André Paquette, en entrevue exclusive avec ProfessionSanté.ca.Selon lui, cette plateforme viendra pallier deux lacunes importantes dans la pratique quotidienne du pharmacien: «la surveillance déficiente de la thérapie» et «l’absence de communications confidentielles par Internet». Présentement, certains pharmaciens vendent des médicaments sans toutefois obtenir de nouvelles de leurs patients, ce qui est inadmissible, selon lui.«Quand tu aimes tes parents, tu prends de leurs nouvelles. Ça devrait être la même chose pour un pharmacien envers ses patients», estime-t-il.Il indique qu’en se limitant à cette absence de réponse, le pharmacien n’exerce pas adéquatement sa profession, puisque la surveillance de la thérapie figure parmi les standards de pratique de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ).Le pharmacien est donc tenu de vérifier l’efficacité du médicament, gérer les effets secondaires et confirmer l’adhésion thérapeutique, trois tâches impossibles à effectuer s’il n’y a aucune communication avec le patient.Ce problème est plus important lorsqu’il est question d’une des plus importantes classes de médicaments, les antibiotiques. Comme le patient ne retourne pas en officine pour renouveler sa prescription, le pharmacien ne dispose pas d’un moyen supplémentaire pour le questionner sur sa thérapie.Se renouveler«Jusqu’à maintenant, il n’y a qu’une seule façon de contacter ses patients : par téléphone, déplore André Paquette. Il faut appeler au bon moment et on ne peut pas laisser n’importe quel type de message sur un répondeur. C’est désuet, dérangeant et dépassé. Il était important de trouver un autre moyen de communication.»Le fondateur de Clinimail explique qu’il n’existe présentement aucun autre moyen de communiquer confidentiellement avec un patient. Il était donc pressant, selon lui, de «donner les outils aux pharmaciens».«Le futur, c’est aujourd’hui. Il faut être présent sur le Web», déclare-t-il.Simple d’utilisationLe fondateur du portail sécurisé garantit que son utilisation sera très conviviale et ne demandera pas de connaissances spécifiques. «Je ne voulais pas qu’on ait besoin d’un mode d’emploi pour naviguer sur la page», lance-t-il.Pour utiliser la plateforme, le pharmacien doit créer sa page et authentifier la validité de son statut professionnel. Par la suite, il n’aura qu’à préautoriser l’inscription du patient pour effectuer un suivi avec ce dernier.Comme le pharmacien possède déjà trois des quatre informations essentielles à son inscription, soit son nom, son numéro de téléphone et sa date de naissance, il ne sera pas complexe, selon André Paquette, de convaincre le patient d’adhérer à Clinimail.«Il doit simplement demander le courriel du patient à la fin de son conseil, en expliquant qu’il souhaite seulement avoir de ses nouvelles. En général, les patients seront ravis de cette nouvelle façon de faire», soutient-il, précisant que pour certains, il peut être gênant d’effectuer un suivi en officine ou par téléphone.Du côté des pharmaciens, il croit que l’outil sera bien reçu et rapidement adopté, surtout chez les plus jeunes, pour qui «la technologie fait partie de leur culture». Selon lui, Clinimail facilitera grandement leur travail.«Le pharmacien peut écrire un message à n’importe quel moment et prévoir son envoi au moment qu’il croit le plus opportun. Le patient peut, quant à lui, répondre quand il le veut. Il n’y a plus d’agenda grâce à cette plateforme», explique-t-il.Le fondateur ajoute qu’il devient aussi plus facile d’effectuer le suivi des patients lorsqu’ils sont à l’étranger et sont dans l’impossibilité de se rendre en officine.Auto-évaluationLorsque le suivi est terminé, le patient recevra un message qui lui permettra d’évaluer la qualité du service professionnel offert par le pharmacien.«Pour la première fois, nous allons pouvoir quantifier la qualité du service professionnel. Présentement, nous donnons des conseils, mais nous n’avons pas de feedback. Je me considère un bon pharmacien, mais je n’ai aucune idée si mes conseils sont bons ou pas. Grâce à cette plateforme, je vais être en mesure de voir si le patient est satisfait», confie André Paquette.Vers une offre élargieDans un premier temps, le portail sécurisé s’adressera uniquement aux pharmaciens. Toutefois, le fondateur de Clinimail ne cache pas son intention d’élargir prochainement son offre et de rendre la plateforme accessible aux infirmières.«Il y a déjà une infirmière qui a entamé des démarches», raconte-t-il. Toutefois, cette dernière s’est butée à la réticence de ses collègues. André Paquette a donc trouvé important de tester tout d’abord le site Web avec les pharmaciens avant de penser à élargir son offre.Questionné sur l’éventualité de cibler les médecins, il indique qu’il «garde cet objectif pour un avenir plus lointain». « Clinimail a le potentiel de devenir le premier réseau social créé au Québec», dit-il.«Je crois à fond à cette plateforme-là, mais si ça ne fonctionne pas comme prévu, je vais l’utiliser pour mon usage personnel. Je serai alors bien équipé pour mes prochaines inspections professionnelles», conclut-il.

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