Cibler les bactéries vaginales pour prévenir les infections urinaires récurrentes

Il existerait une connexion microbienne entre le vagin et la vessie chez les femmes ménopausées souffrant d’infections urinaires récurrentes. En effet, une équipe d’urologues de l’Université Okayama, au Japon, ont décelé une similarité génétique chez la bactérie E. coli uropathogène (UPEC) isolée de l'urine et du vagin de femmes atteintes de cystite récurrente (RC). Leur étude a été publiée dans le Journal of Infection and Chemotherapy.Cette bactérie, connue pour être à l’origine de RC, peut migrer du vagin vers la vessie via le tractus intestinal, et finir par envahir les cellules vaginales sur le long terme. «Par conséquent, le vagin peut être le réservoir qui facilite la RC par le biais du mécanisme de migration des UPEC du vagin vers la vessie», expliquent les chercheurs, qui ont voulu décrypter les caractéristiques génotypiques des UPEC vaginales et urinaires, en comparant leur homologie génotypique et leur susceptibilité antimicrobienne phénotypique. À lire aussi: Guide du pharmacien pour la prévention et la prise en charge des infections urinaires récurrentes chez la femmeEntre 2014 et 2019, ils ont donc analysé les bactéries présentes dans le vagin et dans l’urine en début de cystite de sept patientes ménopausées souffrant d'infections urinaires récurrentes – leur âge médian était de 66 ans et elles présentaient 5 épisodes de cystites par an. Au total, 14 souches ont été isolées.L’équipe du Dr Takanori Sekito, co-auteur de l’étude, définit les cystites chroniques selon les lignes directrices actuelles: ≥ trois épisodes de cystite bactérienne aiguë en l'espace d'un an nécessitant une antibiothérapie; ou≥ deux épisodes de cystite bactérienne aiguë en l'espace de six mois nécessitant une antibiothérapie.En réalisant une électrophorèse sur gel en champ pulsé, les urologues ont constaté une similarité clonale allant de 89,5 à 100% par patiente, avec quatre souches identiques à 100%. Les UPEC urinaires et vaginales «sont identiques en termes d'homologie génotypique et de sensibilité phénotypique aux antimicrobiens», précisent les auteurs. À lire aussi: Cystite aiguë: seule une prescription d’antibiotiques sur trois est pertinenteEn outre, un test de synergie à double disque (DDST) a confirmé la présence de bactéries productrices de bêta-lactamases à spectre étendu (BLSE) produites par E. coli. Les résultats suggèrent que le vagin agit comme un réservoir contribuant à la récidive, puisque l'UPEC a infiltré l'épithélium vaginal après l'adhésion et s'internalise dans les cellules.Le Lactobacillus crispatus, une solution prometteuse«Lorsque les UPEC envahissent les cellules des voies urinaires et s'y agrègent, on sait qu'elles forment des communautés bactériennes intracellulaires qui ressemblent à des biofilms, précisent les urologues. Cette formation de colonies permet à l'UPEC d'échapper à divers agents antimicrobiens et au système immunitaire, et les infections à UPEC sont caractérisées comme étant réfractaires et sujettes à la récurrence.»Ces derniers soulignent l’importance d’une approche ciblée sur le vagin – en utilisant par exemple des suppositoires vaginaux à base de Lactobacillus crispatus, une stratégie prometteuse selon les chercheurs –, car la prise en compte de l’UPEC à la fois vaginale et urinaire est essentielle dans le traitement des cystites récurrentes. Alors que la cystite non compliquée nécessite un traitement antimicrobien court, allant de 1 à 5 jours, il existe peu de données probantes sur les types et les durées d'utilisation des agents antimicrobiens pour le traitement de la RC.

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