CHSLD: diminuer la durée de formation pour attirer plus de pharmaciens?

Permettre aux pharmaciens sans maîtrise de pratiquer dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD)? C'est ce que propose l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES) pour pallier le manque d’effectifs dans ces milieux de soins.À l’heure actuelle, il manque entre 100 et 120 pharmaciens dans les CHSLD du Québec, estime la directrice générale de l’APES, Linda Vaillant. «Si on attend des pharmaciens avec une maîtrise, dans vingt ans, il n’y en aura toujours pas assez dans ces milieux», lance-t-elle.Ajoutons à cela l’impact que pourrait avoir le déploiement du Projet d'évaluation de personnalisation des soins infirmiers (PEPS) à travers la province, puisque que celui-ci risque d’accroitre encore davantage les besoins en pharmaciens dans les CHSLD au cours des prochaines années.C'est pourquoi Linda Vaillant estime que les pharmaciens qui souhaitent travailler en CHSLD pourraient suivre une formation «de trois à six mois» après leur programme de premier cycle, plutôt que d'obtenir une maîtrise, qui est présentement indispensable pour exercer en pharmacie d'établissement.Mais quelle est la meilleure formation pour un pharmacien exerçant en CHSLD? Et combien de temps devrait-elle durer? Pour le savoir, l’APES a proposé au ministère de la Santé et des Services sociaux de mettre sur pied un projet pilote d’un an. Le Ministère n'a pas encore donné le feu vert, mais selon Linda Vaillant, il serait intéressé par cette proposition.Pendant les douze mois que durerait le projet, des pharmaciens de premier cycle travailleraient dans ces milieux de soins sous supervision. «Cela nous permettra d’évaluer ce que le pharmacien de premier cycle doit savoir pour travailler en CHSLD», souligne Linda Vaillant.Le salaireLa pharmacienne, chef adjointe du département de pharmacie au CIUSSS de la Capitale-Nationale et instigatrice du projet PEPS, Rachel Rouleau, est aussi d'avis que la maîtrise obligatoire est un frein à l’embauche de pharmaciens en CHSLD. «Je suis d'accord avec la position de l'APES, les pharmaciens en CHSLD n'ont pas besoin d'une maîtrise.»Elle sert une mise en garde, toutefois: il ne faudrait pas que ces pharmaciens, sans maîtrise, soient moins rémunérés que leurs collègues dans les autres établissements du réseau de la santé. Il ne faut pas s'imaginer qu'en les payant moins, on va les attirer. «Ça serait se tirer dans le pied», croit Rachel Rouleau.À lire aussi: Polymédication: un projet prometteur déployé l'an prochain dans les CHSLD«En fait, il faudrait probablement les payer plus. Ces pharmaciens seront parmi les rares de leur profession à faire des soins pharmaceutiques comme ils auraient toujours dû être faits.»Mais avant de statuer sur le salaire, le projet pilote doit tout d'abord voir le jour. Et si par la suite le Ministère accepte que des pharmaciens de premier cycle travaillent en CHSLD, il faudra effectuer des modifications aux ententes de travail. Bref, il est encore loin le jour où les pharmaciens sans maitrise œuvreront dans les milieux de soins de longue durée.

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