Chirurgie thoracique: une nouvelle technique pour diminuer la douleur des enfants

La cryoablation est actuellement utilisée à l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) et à l’Hôpital Shriners pour enfant, lors d'interventions visant à corriger le pectus excavatum. Il s'agit d'une déformation du thorax, caractérisée par un enfoncement du sternum, et pour laquelle la période postopératoire est très douloureuse. Le Dr Hussein Wissanji, chirurgien pédiatrique à l’HME, a participé à l’implantation de la cryoablation au Québec. «L’utilisation de cette technique améliore grandement l’expérience des patients», soutient-il. Cette procédure est utilisée depuis une dizaine d’années aux États-Unis. Fonctionnement Le patient est placé sous anesthésie générale avant de commencer la chirurgie. Sous vision thoracoscopique, l’équipe de chirurgie vient visualiser les nerfs intercostaux et, avec une sonde refroidie à environ -60 degrés Celsius, ils viennent appuyer directement à l’endroit où passe les nerfs, à quelques centimètres de la colonne vertébrale, pour une durée de deux minutes. Les connexions nerveuses sont ainsi détruites, ce qui fait que la douleur postopératoire des enfants est grandement réduite au moment de la convalescence. «Les nerfs sont détruits par le froid, et vont pousser d’environ 1mm par jour. Après six mois, la majorité des enfants ont repris la sensation au niveau du thorax et, après un an, presque la totalité l’a repris», explique le Dr Wissanji. Avant l’utilisation de la cryoablation, les enfants devaient subir une anesthésie épidurale thoracique. Ils devaient être hospitalisés de cinq à six jours et repartaient à la maison avec parfois jusqu’à 60 doses d’opioïdes à prendre en postopératoire. «La cryoablation diminue non seulement le coût de l’intervention chirurgicale, mais elle diminue aussi significativement la douleur des patients qui sont désormais hospitalisés seulement une nuit», poursuit le chirurgien. Il ajoute que, grâce à cette technique, la dose d’opioïde remise aux enfants après l’intervention est grandement diminuée et que, parfois, ils n’en ont pas besoin du tout. «D’un point de vue de santé publique, c’est une excellente nouvelle d’arriver à diminuer la circulation d’opioïdes dans la société. De plus, pour les patients, cela diminue les effets secondaires et les risques que ces médicaments peuvent entraîner», partage-t-il. Vers un élargissement de son utilisation? Depuis son implantation, le Dr Wissanji indique que des membres de son équipe ont commencé à former à la cryoablation des chirurgiens d’autres centres hospitaliers. C’est le cas du CHU Sainte-Justine, par exemple. Il espère ainsi voir cette technique s’étendre davantage au Québec. Il souhaite également que la cryoablation puisse être utilisée pour d’autres indications nécessitant des chirurgies thoraciques douloureuses. «Cette technique représente une véritable révolution pour la chirurgie, tant au niveau des coûts qu’au niveau des soins aux patients», se réjouit le Dr Wissanji.

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