Centre de santé autochtone de Tiotihà:ke: trouver l'équilibre entre tradition autochtone et médecine moderne

Mêler la médecine traditionnelle autochtone à la médecine occidentale, c’est l’objectif de la première clinique d’urgence pour Autochtones à Montréal. ProfessionSanté.ca a visité le Centre de santé autochtone de Tiotihà:ke (Indigenous Health Centre of Tiohtià:ke) lors de son inauguration, le 15 août dernier. La clinique est située au deuxième étage du Complexe de santé Reine Elizabeth, à côté de la station de métro Vendôme, dans l'ouest de la ville. Dès le pas de la porte franchi, ProfessionSanté.ca a été accueilli par la navigatrice de santé, Lynn Pathwalker. «La majorité des personnes qui travaillent ici sont issues de la communauté autochtone pour que les patients se sentent compris et qu’ils s’identifient», explique celle qui est issue de la communauté Mohawk (Kanien'kehà:ka). Elle a pour rôle de guider les patients dans la bureaucratie parfois complexe du système de santé, en plus de gérer un programme de santé et de bien-être affilié à la clinique. «Parfois les patients se sentent intimidés de se rendre seuls à un service de santé ou alors ils ne parlent pas français, donc je les accompagne et je traduis pour eux», explique Lynn Pathwalker en guidant ProfessionSanté.ca lors de la visite des lieux. En face du comptoir de la réception, un premier indice d’une approche ouverte à la médecine traditionnelle autochtone: plusieurs herbes médicinales sont mises à la disposition des patients. «Ils pourront confectionner leurs propres remèdes. Certaines plantes sur cette table peuvent être ingérées pour apaiser des maux», avance Lynn Pathwalker. Mêler médecine traditionnelle autochtone et Occidentale moderne «On aimerait qu’il y ait un aîné présent à la clinique qui pourrait offrir un service de guérison traditionnelle pour la communauté autochtone», explique le seul médecin de la clinique pour le moment, le Dr Sean Yaphe. Le Dr Sean Yaphe s’occupera de la partie de la médecine familiale occidentale comme on la connaît, mais avec une approche plus sensible et compréhensive des besoins de ses patients issus des communautés autochtones. Les patients qui se présentent à la clinique sans rendez-vous pour recevoir des soins pourront compter sur les soins de professionnels de la santé qui ont été formés pour comprendre les enjeux auxquels font face les autochtones. «Je vais les traiter pour qu’ils se sentent en sécurité et culturellement soutenus lors des rencontres», précise le Dr Sean Yaphe. À lire aussi : Sommet de l'AMC: la sécurité des cliniciens, un enjeu à mettre de l'avant «Lorsque tu mets les deux options côte à côte, la personne qui est face aux choix qu’on lui tend pourra prendre ce dont elle a besoin, parfois c’est un peu des deux, parce qu’il ne faut pas oublier que leur esprit guide leur corps. C’est donc important d’offrir les deux options», croit la directrice à la nouvelle clinique d’aide d’urgence, Michelle Reis-Amores. Comprendre le contexte culturel permet aussi de mieux traiter les patients, poursuit-elle. Par exemple, fumer une pipe de tabac est considéré comme une médecine traditionnelle et c’est une pratique bien ancrée dans certaines communautés, alors que la médecine d’aujourd’hui a démontré que le tabac est nocif pour la santé. Il faut donc que les professionnels de la santé reconnaissent cette tradition, mais éduquent de manière respectueuse les autochtones et leur proposent une médication pour contrer la dépendance, croit-elle. Enlever les obstacles La discrimination vécue, les stéréotypes subits et la barrière de la langue sont les principaux enjeux auxquels font face les personnes issues des communautés autochtones, d’après le Dr Sean Yaphe. «Lorsque des personnes du système de santé rencontrent une personne autochtone, certains vont avoir déjà des idées préconçues en tête et ça se reflète dans leur impatience, leur ton et l’ensemble de leur communication non verbale. Les patients autochtones sont alors plus réticents à consulter et ils ne vont pas chercher les soins dont ils ont besoin», avance-t-il. «Ce n’est pas uniquement un centre de soin, mais bien un centre communautaire où les gens se sentent confortables d’être eux-mêmes pour s'asseoir et parler avec les autres membres de la communauté», poursuit le médecin. Entrant et sortant, lors des deux heures que Profession Santé est resté à la clinique, une vingtaine de personnes avaient déjà franchi le cadre de porte. Des professionnels de la santé, des personnes issues de la communauté autochtone, des personnes qui ont participé de près ou de loin au projet de mettre sur pied un environnement sécuritaire pour ces patients étaient tous présents. La clinique est sans frais pour les patients autochtones et elle est ouverte uniquement le mercredi matin pour le moment. Il existe déjà au Québec quatre autres cliniques de santé autochtones intégrées dans des centres d’amitié autochtones, soit à Val-d’Or, La Tuque, Joliette et Québec. Mais Montréal était la seule métropole au Canada qui n’offrait pas encore ce service.

Centre de santé autochtone de Tiotihà:ke: trouver l'équilibre entre tradition autochtone et médecine moderne

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes