Cancer et COVID-19: les patients devraient attendre deux semaines entre le vaccin et la chimiothérapie

Les personnes atteintes de cancer devraient recevoir les deux doses de vaccin contre la COVID-19 au moins quatorze jours avant la chimiothérapie ou l’immunothérapie, tranche le Programme québécois de cancérologie du ministère de la Santé et des Services sociaux dans un document publié en mars.Or, ce n’est pas toujours facile d'y parvenir, constate la pharmacienne experte en oncologie Annick Dufour, une des auteures du document. « Habituellement, les deux doses ne peuvent pas être administrées avant le début du traitement », a-t-elle souligné dans un webinaire destiné aux professionnels de la santé.Il faudra alors vacciner « après le nadir de la chimiothérapie », alors que les globules blancs et les lymphocytes sont revenus à une valeur normale. Pour les patients en traitement métastatique et stable, un report du prochain cycle de chimiothérapie est également une option, explique la présidente du Comité de l’évolution de pratique des soins pharmaceutiques en cancérologie.Toutefois, dans certaines situations, les risques associés à la COVID-19 sont suffisamment grands pour ne pas attendre le moment idéal, indique-t-elle.Pour la radiothérapie, les thérapies ciblées, la thérapie antihormonale, l’immunoglobine intraveineuse et la chirurgie, il n’existe pas de contre-indication par rapport à la période entre le vaccin et le début de la thérapie.Toutefois, le vaccin contre la COVID-19 ne doit pas être utilisé simultanément avec d’autres vaccins, et ce, peu importe le type de cancer, note le Programme québécois de cancérologie.14 jours entre deux vaccinsCe premier vaccin contre la COVID-19 peut être administré au moins 14 jours après l’administration de vaccins, qui sont souvent donnés avant d'amorcer un traitement pour éviter les infections.À l’inverse si un autre vaccin doit être administré après le vaccin contre la COVID-19, il devrait y avoir une période d’attente d’au moins 28 jours.À lire aussi: Les diagnostics de cancer sont en chute depuis le début de la pandémieD’autre part, les patients qui ont déjà eu des réactions à un médicament oncologique contenant du polyéthylène glycol ne devraient pas recevoir les vaccins de Pfizer et de Moderna puisqu'ils en contiennent aussi.De leur côté, ceux ayant eu des réactions à un médicament contenant du polysorbate ne devraient pas recevoir le vaccin d’AstraZeneca, puisqu’il contient cet ingrédient.Les vaccins, sans danger ?Jusqu’à présent, «les patients atteints de cancer n’étaient pas inclus dans les études cliniques, souligne Annick Dufour, donc nous n’avons pas beaucoup de données chez cette population. Par contre, avec la vaccination nous commençons à avoir des données sur ces patients».Les manifestations cliniques les plus fréquentes sont les mêmes que celles observées dans la population générale : douleurs au site d’injection, fatigue, maux de tête, myalgies et fièvre.Mais, chez 8 à 16 % des personnes souffrant d'un cancer, la présence d’adénopathie axillaire est remarquée de 2 à 4 jours après la vaccination.Plus de risque de mourirSi les effets du vaccin contre la COVID-19 sur les personnes atteintes d’un cancer restent à éclaircir, une chose est certaine : la mortalité par la COVID-19 chez ces patients est plus élevée que chez la population en générale.D’ailleurs, récemment des oncologues québécois ont déploré le fait que les patients atteints de cancer n’étaient pas vaccinés en priorité.Selon les experts du Programme québécois de cancérologie, ceux ayant des cancers hématologiques (surtout la leucémie et le lymphome non hodgkinien), peu importe le stade de traitement, sont les plus à risque de mortalité. Suivent ceux ayant un cancer du poumon en évolution et un cancer métastatique en évolution.Certains traitements sont associés à des risques plus élevés de mourir. C’est le cas d’un traitement avec un inhibiteur du point de contrôle immunitaire (immunothérapie), de greffe de cellules souches au cours des six derniers mois et de traitement systémique actif présentant un risque de neutropénie.De plus, le temps écoulé depuis le diagnostic d’un cancer joue un rôle important dans la mortalité. Ceux ayant reçu un diagnostic il y a 5 ans et moins ont un risque de mortalité plus élevé que ceux ayant eu un diagnostic il y a plus de cinq ans.Évidemment, tout comme la population en général, les personnes qui ont plus de 65 ans et qui ont des comorbidités sont plus à risque de mourir.

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