Cancer de la peau: faudrait-il procéder à un dépistage systématique chez les adultes en bonne santé?

Les recommandations récemment mises à jour du groupe de travail américain sur les services préventifs (USPSTF) concernant le dépistage du cancer de la peau ont suscité une attention médiatique relativement importante (particulièrement en ligne) alors qu’en fait, elles maintiennent le statu quo, à savoir que les preuves manquent, que ce soit pour ou contre le dépistage régulier chez les adultes en bonne santé. Publiées dans le JAMA, ces recommandations sont une mise à jour de celles de l'USPSTF datant de 2016. Ces dernières découlaient d'une revue systématique des avantages et des inconvénients du dépistage du cancer de la peau chez les adolescents et les adultes asymptomatiques. Aux États-Unis, le cancer de la peau est le cancer le plus fréquemment diagnostiqué, les carcinomes basocellulaires et spinocellulaires étant les types les plus communs. Ils n'entraînent que rarement la mort. Les mélanomes représentent environ 1% des cancers de la peau et sont associés au plus grand nombre de décès dus au cancer de la peau. À lire aussi: Un vaccin expérimental contre le mélanome pourrait réduire le risque de décès Le document conclut que «les preuves sont insuffisantes et qu'il n'est pas possible de trouver un équilibre entre les avantages et les inconvénients d'un examen visuel de la peau par un clinicien pour le dépistage du cancer de la peau chez les adolescents et les adultes asymptomatiques». Il y est précisé que les recommandations s'appliquent aux patients asymptomatiques qui n'ont pas d'antécédents de lésions cutanées précancéreuses ou malignes. «Elles ne s'appliquent pas aux patients symptomatiques, y compris ceux qui présentent une lésion cutanée suspecte, ni à ceux qui font déjà l'objet d'une surveillance en raison d'un risque élevé de cancer de la peau, comme les personnes atteintes d'un syndrome familial.» «Les recommandations sont similaires à ce qui a déjà été établi dans le passé en matière de dépistage du cancer de la peau», a évoqué le Dr Sunil Kalia, dermatologue. Il est professeur agrégé de médecine à l'Université de Colombie-Britannique. Il n'a pas participé à l'élaboration du document de l'USPSTF. Selon le dermatologue, «la plupart des patients que nous avons l'habitude de voir dans notre clinique nous ont été référés parce qu'ils présentent un risque élevé. Cependant, comme le cancer de la peau peut survenir chez n'importe qui, nous évaluons toute personne présentant une lésion cutanée préoccupante». En même temps, «pour prévenir le cancer, et pas seulement de la peau, l'idéal serait de dépister tout le monde régulièrement. Malheureusement, nous n’avons pas les ressources pour le faire, et parfois il peut y avoir des dommages - tels que des investigations, des biopsies ou même le stress lié au cancer». À lire aussi: Helicobacter pylori: une séropositivité associée à un pronostic négatif pour le mélanome C'est pourquoi les médecins doivent s'appuyer sur des données probantes. Actuellement, les recommandations indiquent que les personnes qui devraient subir un dépistage sont celles qui présentent un risque plus élevé «soit sur la base de leur phénotype et de leurs facteurs de risque médicaux généraux, etc., soit s'il y a une lésion suspecte», a-t-il souligné. Il a noté qu'il n'existe pas de lignes directrices canadiennes pour le dépistage du cancer de la peau, mais que les recommandations générales sont similaires dans les différentes régions du Canada. Par exemple, la déclaration générale de la Colombie-Britannique sur le dépistage du cancer de la peau est similaire à celle de l'USPSTF: les données probantes ne justifient pas un dépistage régulier chez les personnes en bonne santé et présentant un faible risque. Les informations destinées aux patients sur le site web de la Société canadienne du cancer indiquent qu'«un examen de la peau est souvent effectué dans le cadre d'un bilan de santé annuel. Les personnes qui présentent un risque élevé de développer un cancer de la peau peuvent avoir besoin d'être examinées plus souvent que les personnes présentant un risque moyen». À lire aussi: Manger du raisin augmente la protection de la peau contre les UV et réduit le risque de mélanome Selon le site web de Mélanome Canada, le carcinome basocellulaire est le type de cancer de la peau le plus courant au Canada et représente environ 75% de tous les cancers de la peau sans mélanome diagnostiqués. Mais le mélanome est l'un des types de cancer les plus fréquemment diagnostiqués chez les jeunes adultes âgés de 15 à 49 ans, et le septième cancer le plus fréquemment diagnostiqué au Canada. Le site web indique que les cas de mélanome ont augmenté de 8,5% entre 2020 et 2021, mais note également qu'«une enquête mondiale menée auprès de plus de 700 dermatologues estime que 21% des mélanomes à un stade précoce ne sont pas diagnostiqués en raison des 33% de rendez-vous professionnels de contrôle de la peau manqués pendant les périodes de fermeture liées à la pandémie». Selon l'Association canadienne de dermatologie, environ 8700 Canadiens ont reçu un diagnostic de mélanome en 2021.

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