Bond significatif du nombre de pharmacies communautaires au Québec

De 2017 à 2020, le nombre de pharmacies privées est passé de 1903 à 1909, un gain net de seulement six pharmacies. Pourtant, le nombre de Québécois a bondi de 274 000 pendant cette période et la population a vieilli. Toutefois, voilà qu’en l’espace d’une année, le nombre de pharmacies a fait un saut de 18 pour atteindre le chiffre de 1927 pharmacies. «C'est assez significatif», souligne le directeur général de l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires du Québec (AQPP), Jean Bourcier. Durant ces douze mois, 30 pharmacies ont ouvert leurs portes alors que douze ont fermé, évalue l’AQPP. Les nouvelles pharmacies en 2021-2022 sont principalement associées à des cliniques médicales ou à des résidences privées pour personnes âgées. Elles sont généralement de petites surfaces. Selon l’AQPP, les ouvertures sont assez bien réparties entre les régions, les grands centres (région métropolitaine, Québec, Lévis) et la banlieue (Blainville, Granby, Terrebonne et Sainte-Sophie, entre autres). En revanche, celles qui ont fermé étaient principalement situées dans les grands centres, notamment à Montréal et les environs. Plus précisément, les chiffres de l’Ordre des pharmaciens du Québec indiquent que la plus forte augmentation du nombre de pharmacies a eu lieu en Montérégie (344 en 2022, contre 335 en 2021), suivi par la Capitale-Nationale (200 contre 197) et le Saguenay-Lac-Saint-Jean (77 contre 75) et l’Outaouais (80 contre 78). En contrepartie, les régions de l’Abitibi-Témiscamingue et de Chaudière-Appalaches ont chacune perdu une pharmacie. D’autres régions comme Montréal et la Mauricie ont connu une stagnation du nombre de pharmacie. Une croissance des besoins Jean Bourcier explique ce nouvel engouement par la croissance du nombre d'ordonnances, des activités cliniques et des besoins dans la population. «Il se crée des trous dans le marché donc les chaînes et bannières voient des opportunités. De plus, le rôle des pharmaciens dans le système de santé est plus valorisé, ce qui permet de développer de nouvelles habiletés cliniques», observe-t-il. Dans les années précédentes, le contexte était défavorable à l’implantation de pharmaciens, a-t-il ensuite ajouté. D’abord, les turbulences en pharmacie causées par l’ère Barrette ont fait en sorte qu’il y avait peu d’engouement pour l’ouverture de pharmacies. Ensuite, la vague de consolidations (Pharmaprix avec Loblaw et Jean Coutu avec Metro) a entraîné la fermeture de pharmacies. Puis, il y a eu la pandémie qui a rendu frileux les jeunes pharmaciens qui auraient voulu se lancer en affaires, notamment. Le directeur général de l’AQPP s’attend à ce que cette tendance à la hausse se poursuive cette année, mais pas de façon aussi prononcée. Il croit qu’entre les ouvertures et les fermetures, le Québec comptera une dizaine de pharmacies de plus «au net». Un chiffre qui est toutefois bien en deçà de ceux des années 2013, 2014, 2015 et 2016 où, chaque année, 30 pharmacies s’ajoutaient à celles déjà établies. Cette année, les pharmaciens propriétaires doivent vivre avec un important manque de personnel qui pourrait freiner l’ambition de ceux qui souhaitent se lancer en affaires. «Des pharmaciens doivent se demander s’ils vont être capables d’attirer la main-d’œuvre», souligne à juste titre Jean Bourcier. Quelques chiffres Le nombre de pharmaciennes propriétaires est près de rattraper celui de leurs homologues masculins: elles sont 999, contre 1009. L'AQPP s’attend à ce qu’il y ait plus de pharmaciennes propriétaires à court terme, puisqu’elles sont plus nombreuses dans les facultés de pharmacie. Il y a donc 2008 propriétaires sur un total de 10 019 pharmaciens au Québec; plus de la moitié sont des pharmaciens salariés dans des pharmacies communautaires. De plus, l’âge moyen des pharmaciens propriétaires est passé de 44 ans à 43 ans en 2022.

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