Bataille du GAP: les pharmaciens en feront-ils les frais?

Si vous suivez les nouvelles, vous êtes au courant du bras de fer entre le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) au sujet de l’entente de rémunération pour tout nouvel inscrit au GAP qui s’est vu attribuer une place en groupe de médecine familiale (GMF).D’entrée de jeu, je pense qu’il est raisonnable pour les GMF de demander une rémunération pour la prise en charge de patients orphelins, mais là n’est pas le sujet de mon billet. Je veux plutôt mettre l’emphase sur les répercussions que cette querelle entre ces deux joueurs du système de santé aura sur nos officines. Malheureusement, la pression pour y donner plus de services sans rémunération risque de s’accentuer.La fin de l’entente entre le MSSS et la FMOQ mènera inévitablement à un débordement vers les pharmacies. En effet, le MSSS publiait un rapport indiquant que le nombre de rendez-vous au GAP passera de 18 398, en date du 25 mai, à 2602, en date du 15 juin, soit près de 16 000 de moins. Soyons bien clairs, ces rendez-vous sont pour des patients qui nécessitent des soins et des conseils sur leur santé. Ainsi, un patient de moins au GAP risque d’être un patient de plus à l’officine. Comme on le sait très bien, la culture de la pharmacie au Québec pousse implicitement à ce que le service rendu au patient soit gratuit: un conseil pour de la toux, pour un effet indésirable médicamenteux et sa gestion, pour une douleur de novo apparue après un exercice physique, etc.À lire aussi: Les pharmaciens ne méritent pas d’être payés Et c’est là que le bât blesse. Les officines sont des entreprises privées qui ont des dépenses et qui doivent prendre des risques pouvant parfois les forcer à absorber des pertes financières importantes. Les pharmacies de quartier ne peuvent donc pas se permettre d’être écrasées par la pression de nouveaux conseils et services sans rémunération qui s’ajouteraient à une chaîne d’opération déjà débordée. Malheureusement, du fait de notre culture professionnelle, je crois bien que les pharmaciens accepteront silencieusement et docilement de prendre en charge de plus en plus de patients dans ces conditions.Je l’ai écrit plusieurs fois et je le réécrirai: les pharmaciens devraient demander une compensation juste et raisonnable pour tout conseil remis à un patient. Est-ce une opportunité pour que l'AQPP demande à la RAMQ de rembourser les conseils? Peut-être. L’avenir nous le dira. Le gouffre béant provoqué par la fermeture de places au GAP aura des répercussions en pharmacie, c’est inévitable. Les pharmacies devront redoubler de vigilance dans les prochains mois afin de s’assurer que les activités cliniques pour leurs propres patients ne soient pas perturbées par ce conflit.

Bataille du GAP: les pharmaciens en feront-ils les frais?

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes