Avis de réclamation au FARPOPQ: une attention particulière est de mise avec les anti-infectieux

Les anti-infectieux ont été mentionnés dans près de 10 % des avis de réclamation transmis volontairement par des pharmaciens en 2015 au Fonds d’assurance responsabilité professionnelle de l’Ordre des pharmaciens du Québec (FARPOPQ). Par rapport à 2014 (9 %), les médicaments de cette classe pharmacologique continuent d’être les plus impliqués dans les avis soumis au FARPOPQ.«La majorité des cas s’explique par une allergie à l’antibiotique servi ou par des erreurs de posologie (ex.: teneur erronée découlant souvent d’un problème de calcul)», indiquent l’OPQ et le FARPOPQ dans leur article intitulé Bilan des avis de réclamation de l’année 2015 : activités et médicaments impliqués, gravité des conséquences, publié en mars 2017 dans son bulletin conjoint Prévenir les risques en pharmacie (volume 4, numéro 1).Ces derniers précisent qu’ils présentent les statistiques de l’année 2015, «compte tenu des délais de traitement requis pour présenter des informations exhaustives». Ils mentionnent aussi qu’étant donné qu’il s’agit d’avis transmis sur une base volontaire par des pharmaciens, « [les statistiques] peuvent inclure des erreurs non avérées ni confirmées». Un avis de réclamation ne mène pas nécessairement à une réclamation formelle d’un patient.Ils publient donc un tableau comprenant, pour l’année 2015, les classes de médicaments pour lesquelles le FARPOPQ a reçu plus de dix avis ainsi que les médicaments impliqués plus d’une fois dans les avis.Cliquer sur le tableau pour l'agrandir - (Sources: OPQ, FARPOPQ)Pour la classe des antinéoplasiques, l’OPQ et le FARPOPQ signalent que «la posologie particulière du méthotrexate fait en sorte que ce médicament est encore impliqué dans un nombre important d’avis [nombre non précisé]».Ils rapportent aussi que dans les deux cas impliquant le mercaptopurine, une confusion s’est produite avec de l’azathioprine dans l’un des cas, et une interaction médicamenteuse a été mal gérée dans l’autre cas.Bien que la warfarine continue d’être «une source fréquente d’erreur», ils ont observé une augmentation des avis concernant le rivaroxaban (pourcentage non précisé). «Les problèmes sont liés à une posologie erronée, notamment une confusion entre une ou deux prises par jour. Dans un autre cas, c’est une interaction médicamenteuse qui n’aurait pas été adressée adéquatement, puisque contrairement à ce qui est recommandé, il n’y aurait pas eu de délai entre la prise des deux médicaments.»Dans la classe des antihypertenseurs, c’est la catégorie des bêtabloquants qui est la plus rapportée dans les avis, en particulier le bisoprolol et le métoprolol.Dans la classe des agonistes des opiacés, la méthadone arrive au premier rang avec une mention dans 12 avis. Elle est suivie de l’hydromorphone (sept avis), de la morphine (six avis) et de l’oxycodone (cinq avis). «Par exemple, l’hydromorphone a été confondu avec la morphine dans deux cas, soit celui d’une patiente déjà aux soins palliatifs, qui serait décédée dans les heures qui ont suivi, et celui d’un patient qui aurait été transporté aux urgences, mais serait sorti dès le lendemain.»En ce qui a trait à la classe des anticonvulsivants (6,5 % des incidents rapportés), la prégabaline est impliquée dans neuf erreurs, dont cinq d’entre elles sont attribuables à une confusion avec de la gabapentine.Parmi les erreurs concernant la classe des antiulcéreux et des suppresseurs de l’acide, trois d’entre elles concernent un mauvais calcul de la dose pédiatrique d’une ordonnance de ranitidine.Dans la classe des antidépresseurs, plus d’erreurs ont été enregistrées avec l’escitalopram.Hausse de 7 % des avis en 2015L’OPQ et le FARPOPQ signalent que les avis de réclamation des pharmaciens ont augmenté de près de 7 % entre 2014 et 2015, passant de 537 à 572. «Cependant, le nombre d’avis qui ont engendré des réclamations formelles, à ce jour, n’a pas connu de croissance significative», précisent-ils.Lire la suiteLe tableau ci-dessous présente le nombre et le pourcentage des activités et des problèmes déclarés dans les avis en 2015. Les erreurs dans l’exécution d’une ordonnance arrivent en tête de liste (359 avis), ce qui représente presque les deux tiers des incidents déclarés (63 %).«De ce nombre, les inexactitudes dans la posologie et/ou dans la concentration d’un médicament représentent la moitié des incidents. En effet, nous retrouvons fréquemment des fautes de transcription de la posologie pour les ordonnances de prednisone, de warfarine et de méthotrexate. De plus, de mauvais calculs, lors de la préparation de solution mère de méthadone ou lors de la dilution d’antibiotiques en suspension destinés aux enfants, continuent d’être des sources fréquentes d’erreurs. Dans d’autres situations, la mauvaise sélection d’un pot sur la tablette (ex.: metformine 850 mg au lieu du 500 mg) ou dans le réfrigérateur (ex.: érythropoïétine 20 000 UI au lieu de 2 000 UI) demeure à l’origine de la plupart des erreurs dans la concentration d’un médicament remis.»(Sources: OPQ, FARPOPQ)Neuf avis mentionnent le décès du patientEn ce qui a trait à la gravité des événements déclarés, heureusement, dans 70,1 % des avis de réclamation, «l’erreur a eu peu d’impact sur la santé des patients».Toutefois, dans 27,3 % des avis, les erreurs auraient causé des inconvénients temporaires (156 patients ont dû être traités par un médecin ou hospitalisés versus 82 en 2013, et 101 en 2014). Dans 2,6 % des avis, les «conséquences alléguées sont beaucoup plus sérieuses [six patients ont subi un dommage permanent versus 2 en 2013, et 1 en 2014, et neuf patients sont décédés versus 6 en 2013 et 8 en 2014]».«Malheureusement, l’augmentation de la gravité des conséquences est significative», constatent l’OPQ et le FARPOPQ. Par conséquent, ces derniers continueront de sensibiliser les pharmaciens pour les aider à identifier les risques et pour qu’ils mettent en place des mécanismes de prévention. À cet effet, leur bulletin automnal abordera les services de médicaments nécessitant le calcul d’une dose, et ce, «en raison du nombre de cas problématiques rapportés».

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