APES: la pandémie a affecté la santé mentale des pharmaciens d’établissement

«Constater que plus des deux tiers de nos membres reconnaissent avoir vécu des difficultés au chapitre de leur santé mentale nous a beaucoup interpellés, nous a confié François Paradis, le président de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES). Devant ce fait, nous voulions nous assurer de bien comprendre la situation pour savoir comment agir. C’est ce qui a motivé la démarche qu’on a mise en place, car nous n’avions pas une idée claire de l’ampleur de la situation.» Selon les résultats du sondage, la conciliation travail-famille, la somme de travail à effectuer et la peur de transmettre la COVID-19 à leurs collègues ou à leurs proches sont considérées comme les plus importantes charges sur leur santé mentale. Tandis que les cliniciens se sont dit particulièrement affectés par la crainte de transmettre le virus à leur entourage, la santé mentale des gestionnaires aurait davantage été affectée par l’augmentation de leur charge de travail, révèle également le sondage. Les répercussions de la baisse d’effectifs Selon l’analyse des résultats du sondage, peut-on lire sur le site de l’association, «la diminution des effectifs est statistiquement liée à une augmentation de la charge de travail des pharmaciens et à une détérioration de leur santé mentale.» Plus de 70% des membres actifs ayant répondu au sondage ont dit avoir ressenti les effets de cette baisse des effectifs depuis le début de la pandémie, et la presque totalité d’entre eux (97%) sont d’avis que le gouvernement ne fait pas suffisamment d’effort pour régler la situation. Parmi les pharmaciens répondants des CISSS ou des CIUSSS, 39% pensent que la baisse d’effectifs a un impact important sur la qualité des soins et des services proposés, alors que ce pourcentage tombe à 12% chez les sondés des CHUs ou des Instituts. Le problème de pénurie était déjà bien connu avant la pandémie, rappelle François Paradis: environ 20% de postes étaient non comblés - des postes non titularisés ou en raison de congés de maladie ou de maternité -, ce qui représente autour de 280 emplois. Lorsque la pandémie est survenue, elle a entraîné une charge de travail supplémentaire qui a accentué le problème. «Pour mettre les choses en perspective, indique le président de l’APES, il faut se rappeler que nos membres ont été exposés pendant la pandémie: certains ont eu à travailler en zones chaudes, ont craint de contracter la maladie et d’infecter leur entourage. Il a aussi fallu élaborer de nouveaux protocoles de soins face à une maladie qu’on connaissait peu, en plus de gérer toute la réorganisation du travail et la question de l’approvisionnement, pour s’assurer qu’on ne manquerait pas de médicaments critiques. C’est un paquet de facteurs déstabilisants qui a pu générer des stress et une détérioration de la santé mentale chez 7 membres sur 10.» Malgré l’impact du manque de pharmaciens d’établissement, 65% des sondés disent avoir bénéficié d’un «bon soutien» de la part de leur établissement pour offrir les meilleurs soins et services possibles aux patients dans un contexte de pandémie. En ce qui concerne la reconnaissance, 26% des répondants ayant travaillé en zone chaude sont d’avis que leur rôle au sein du système de santé «n’est pas du tout reconnu par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS)». Toutefois, plus de 65% des pharmaciens sondés pensent que les constatations qu’ils font sur le terrain sont «prises en considération» par les autorités gouvernementales. À la lumière de ces données, l’APES a réitéré l’importance de poursuivre ses démarches auprès du gouvernement pour qu’il règle le problème de la pénurie chronique de pharmaciens dans le réseau de la santé, autant maintenant qu’en prévision des besoins croissants de la population. «Les besoins en termes de ressources en pharmacie d’établissement de santé ne feront que s’accroître dans les prochaines années, prévient François Paradis, alors qu’il y a déjà un manque à gagner de l’ordre de centaines de pharmaciens d’établissement. Les besoins de nos clientèles s’accentuent: de plus en plus malades, elles suivent des thérapies de plus en plus complexes. Toute cette situation ne fait qu’accentuer la nécessité, du côté du gouvernement, de mettre en place des moyens pour assurer une relève et augmenter le nombre de postes dans le réseau de la santé, car les besoins y sont grands.»

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