Anticorps visant à détruire les amyloïdes: Un traitement expérimental de la maladie d’Alzheimer en phase prodromique testé au Québec

On sait que la maladie d’Alzheimer se développe dans le cerveau plusieurs années avant que les symptômes n’apparaissent. Serait-il possible d’intervenir plus tôt pour contrecarrer ou ralentir le développement de la maladie en s’attaquant aux amyloïdes qui font mourir les neurones ? C’est ce que l’on va tenter de savoir avec une vaste étude internationale portant sur un médicament expérimental et à laquelle participeront 60 à 70 centres de recherche de 15 pays, dont 4 au Québec.Dans beaucoup d’études sur la maladie d’Alzheimer, on s’attarde sur des patients atteints de la maladie. Cette fois, on cible une clientèle en amont. « La particularité de cette étude, dit le neurologue Louis Verret, chercheur principal de la recherche à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus et membre de la nouvelle Clinique interdisciplinaire de mémoire du CHA, est qu’on vise des individus qui présentent des troubles de la mémoire légers et chez qui la maladie d’Alzheimer n’a pas été confirmée. Ils sont en phase prodromique et très à risque de développer la démence d’Alzheimer au cours des prochaines années. »Stade prodromique« Il n’est pas normal de perdre la mémoire avec l’âge, rappelle le Dr Verret. La mémoire se modifie avec le temps, elle devient un peu moins flexible, mais on peut continuer à apprendre jusqu’à 90 ans et plus. »Les troubles de la mémoire peuvent avoir plusieurs causes : apnée du sommeil, dépression, effets des somnifères, tumeur au cerveau. Ils peuvent aussi être l’indice de l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Par le passé, ces troubles étaient perçus comme des symptômes de la vieillesse; les patients auraient alors reçu un diagnostic d’insuffisance cognitive légère (ICL). Aujourd’hui, la maladie d’Alzheimer au stade prodromique est de plus en plus reconnue comme un sous-groupe distinct de l’ICL.Parmi les symptômes avant-coureurs de la maladie figure l’incapacité à se souvenir des événements de son passé récent. Les individus qui sont à ce stade précoce de la maladie sont plus susceptibles de développer une démence si on les compare à ceux qui présentent d’autres formes de perte de mémoire ou d’ICL, d’où la nécessité de les repérer et de les traiter hâtivement. C’est le but attribué à ce médicament qui sera testé à Québec, Sherbrooke, Greenfield Park et Montréal et auprès de 360 patients dans le monde.Anticorps Ce médicament expérimental est un anticorps conçu en laboratoire qui s’attaque aux amyloïdes du cerveau. Il sera injecté de façon intraveineuse une fois par mois. « Cela pourrait ralentir ou peut-être arrêter la maladie d’Alzheimer, espère le Dr Verret. Si on intervient avant que les gens aient une forte démence et qu’on ralentit de beaucoup la maladie, on donnera de nombreuses années de qualité de vie aux gens. »Des anticorps sont à l’étude depuis cinq ans et ont déjà été testés à petite échelle sur des humains, mais ils ont tendance à déséquilibrer l’immunité du patient et à entraîner de l’inflammation. Pour l’étude, d’une durée de deux ans, à laquelle participeront l’équipe du Dr Verret et d’autres chercheurs québécois, on travaillera avec un anticorps amélioré.Comme cet anticorps est toujours susceptible de provoquer de l’inflammation, les patients seront suivis de très près et passeront plusieurs résonances magnétiques en cours de recherche afin de détecter toute inflammation. Si cela se produisait, le traitement serait immédiatement arrêté.Recrutement de patientsPour l’instant, le Dr Louis Verret est en recrutement et sélection de patients. La Clinique interdisciplinaire de mémoire du CHA reçoit plus de 1000 patients par an, mais il s’agit de cas lourds. Or, l’étude SCarlet RoAD porte sur des patients qui n’ont pas encore été diagnostiqués Alzheimer. Le Dr Verret invite les médecins qui voudraient diriger des patients souffrant de pertes de mémoire légères vers cette étude à contacter l’infirmière de recherche Mélanie Harvey au 418 649-0252, poste 3257. Ces personnes doivent être âgées de 50 à 85 ans et en bonne santé. Un premier filtre sera effectué au téléphone et les candidats retenus seront soumis à des tests spécifiques à l’aide de différentes méthodes très poussées pour déterminer s’ils souffrent de la maladie d’Alzheimer en phase prodromique.

Anticorps visant à détruire les amyloïdes: Un traitement expérimental de la maladie d’Alzheimer en phase prodromique testé au Québec

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