Amygdalectomie: un guide pour rehausser la qualité et la sécurité de cette chirurgie

Ce guide a été rédigé par les membres d'un groupe de travail sur l’amygdalectomie mis sur pied par le Collège en mai 2021 afin de procéder à l'examen du continuum de soins. «La réflexion des membres du groupe de travail s’est inspirée des différentes recommandations des coroners, des données probantes et du vécu expérientiel des experts, à la recherche de solutions possibles afin d’éviter les pires conséquences de cette intervention chez les enfants», indiquent les auteurs du guide. Des études rapportent un taux de mortalité d’environ 1 décès pour 35 000 amygdalectomies réalisées. La présence de maladies chroniques est un facteur associé à un risque beaucoup plus élevé de mortalité chez les enfants, soit de 117 décès par 100 000 interventions. Au Québec, il se réalise environ 9600 amygdalectomie et/ou adénoïdectomie par an. Depuis 2002, cinq enfants sont décédés après avoir subi l’ablation des amygdales. Pour réduire les risques de décès ou d'autres complications, le CMQ se montre en faveur d'un recours plus fréquent à la dissection intracapsulaire, une «alternative prometteuse» qui vise à réduire le volume des amygdales plutôt que le retrait complet. « Certains médecins oto-rhino-laryngologistes se sont impliqués dans son déploiement au Québec et nous ne pouvons que soutenir leurs efforts», indique le groupe de travail du Collège. Des chercheurs de l’Institut national d'excellence en santé et en services sociaux (INESSS) ont procédé à l'analyse des risques et bénéfices de la dissection intracapsulaire et ont conclu qu'elle « semble un moyen concret de réduire les risques de l’amygdalectomie pour la santé des patients et de diminuer leurs souffrances». Par contre, le manque de formation sur cette chirurgie, l’inconfort face au changement de technique et l’enjeu d’accessibilité du matériel constituent des freins à son usage plus répandu dans le réseau de la santé. Bien évaluer la nécessité du traitement Parmi les autres recommandations que l'on trouve dans le guide, le groupe de travail note qu'il importe pour les médecins de mieux cerner en quoi l'amygdalectomie est l'intervention la plus appropriée pour leurs patients. Le CMQ souligne que les médecins devraient s'assurer au préalable de la bonne hygiène nasale de leurs patients. Ils devraient aussi prescrire davantage un traitement par corticostéroïde nasal pour quelques mois et voir si celui-ci est suffisant pour soulager les enfants. Le groupe de travail note par ailleurs que la majorité des problèmes liés aux amygdales ont tendance à diminuer avec l’âge. «Les bénéfices de l’amygdalectomie pour l’enfant qui présente des infections répétées de la gorge dépendent de la fréquence et de la sévérité des épisodes», écrivent aussi les auteurs. Valoriser le rôle des parents D’autre part, des faits issus des rapports des coroners ou des demandes d’enquête adressées au CMQ laissent croire que le consentement libre et éclairé des parents n'est pas toujours obtenu. Par exemple, des parents ont rapporté qu’on leur a seulement présenté «le bon côté de la médaille», en banalisant cette « chirurgie simple et bénigne de 15 minutes». «Le consentement à l’amygdalectomie s’obtient au terme d’un processus décisionnel, menant la personne et le médecin à s’entendre sur les soins les plus appropriés à prodiguer», rappelle le Collège. Ce dernier ajoute que le rôle des parents doit être valorisé tout au long de la trajectoire de soins. Leur rôle est essentiel, car ils sont les mieux placés pour observer les symptômes et leur impact sur la qualité de vie de leur enfant. La tenue d’un journal des symptômes et des visites médicales se révèle très utile pour revoir l’évolution de la maladie. Autres pistes de solutions pour rehausser la qualité et la sécurité des soins - Préconiser l’utilisation d’autoquestionnaires dirigés validés, à être remplis par les parents avant l’évaluation; - Mieux faire connaître les indications qui militent en faveur d’une consultation spécialisée (par exemple pour la réalisation d’une polysomnographie) afin de faciliter la trajectoire des enfants pour lesquels une condition ou un risque est identifié; - Déployer toutes les ressources nécessaires qui permettraient de rendre l’oxymétrie nocturne facilement accessible dans l’ensemble des régions; - Prendre les mesures afin que les médecins soient mieux informés sur la nature des renseignements à transmettre lors du processus visant le consentement à l’amygdalectomie; - Préconiser la mise en place d’un algorithme de gestion et d’orientation post- amygdalectomie pour assurer la surveillance requise par la condition de l’enfant; - Rappeler le potentiel d’évolution rapide d’un saignement léger vers l’hémorragie massive à tous les intervenants impliqués (Info-Santé, personnel du secteur préhospitalier d’urgence et du triage, etc.). Pour lire le guide.

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