Alors que le gouvernement fédéral et les provinces se tiraillent, de quoi les médecins ont-ils réellement besoin?

«Je pense que ce que nous avions espéré était de voir une coopération et une collaboration entre les différents paliers de gouvernement pour trouver des solutions à notre système de santé défaillant. Malheureusement, je crois que nous sommes très loin de cet objectif.» – Dre Katharine Smart, ex-présidente de l’AMC. La première ministre du Manitoba, Heather Stefanson, a récemment réitéré la demande pour qu'Ottawa augmente le Transfert canadien en matière de santé de 22 % à 35 %. Mais lors d'une réunion fédérale-provinciale-territoriale à Vancouver, le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a fait valoir que l'accent mis par les provinces sur les montants en dollars et les pourcentages de transfert en matière de santé était un «combat futile» et que les premiers ministres provinciaux devraient plutôt se concentrer sur l'obtention de résultats tels que le recrutement et la rétention de professionnels de la santé. Duclos a refusé de préciser le montant supplémentaire qu'il était prêt à transférer aux provinces. Avant la fin de la réunion, les premiers ministres ont envoyé une lettre indiquant qu'aucun progrès n'avait été réalisé. Duclos a ensuite indiqué qu'il était «déçu et un peu fâché». Entre-temps, le premier ministre du Québec, M. Legault, a déclaré : «M. Trudeau pense qu'il est meilleur que (le ministre de la Santé) Christian Dubé pour déterminer comment dépenser l'argent.» Stephen Lewis a déclaré que les provinces auraient plus de chances de réussir si elles collaboraient plus étroitement sur les aspects qu'elles devraient toutes chercher à améliorer. Au lieu de cela, «la seule chose sur laquelle ils semblent pouvoir se mettre d'accord, c'est de garder Ottawa en dehors de tout ça». Peut-on sortir de cette impasse? Il est certain que la situation actuelle est désastreuse. Partout au Canada, les services d'urgence ont fermé pendant plusieurs jours et des médecins et des infirmières ont pris une retraite prématurément. Environ cinq millions de Canadiens n'ont pas de médecin de famille. Que peut-on faire? Les inscriptions dans les écoles de médecine et d'infirmières augmentent et l'octroi de licences aux diplômés étrangers doit être accéléré. L'Association médicale canadienne plaide en faveur que le permis d'exercer la médecine soit transférable à l'échelle nationale. Pour commencer, les premiers ministres des provinces de l'Atlantique ont déjà manifesté de l'intérêt pour la délivrance de permis régionaux. Plusieurs experts ont proposé des soins en équipe avec des salaires et des avantages sociaux pour les médecins. De plus, comme je l'ai souligné dans mon précédent article, nous avons également besoin de mesures incitatives pour que les médecins plus âgés restent en activité le plus longtemps possible. Au Canada, plus de 15 % des médecins de famille et 16 % des spécialistes médicaux sont âgés de 65 ans et plus; il y a dix ans, ils n'étaient que 10 %. Je propose donc une stabilisation du revenu à court terme financée par le gouvernement. Les médecins pourraient devoir s’absenter du travail pendant quelques semaines ou mois en raison d’un infarctus, d’une infection grave comme la COVID-19, de la résection d’une tumeur maligne de l'intestin ou du sein, d’une chirurgie cardiaque ou de la prostate, d’une dépression, d’une arthroplastie du genou ou de la hanche, etc. Malheureusement, l’assurance-invalidité privée est en général inaccessible après l’âge de 65 ans. Les prestations de maternité offertes partout au Canada constituent un précédent des plus importants. Le Québec verse un montant forfaitaire de 33 % du revenu hebdomadaire précédent, jusqu’à concurrence de 802 $ pour les médecins de famille et de 1 000 $ pour les spécialistes médicaux/chirurgiens, plus 67 % du revenu hebdomadaire précédent, jusqu’à 1 809 $ par semaine pour les médecins de famille et de 2 400 $ pour les autres spécialistes, mais seulement pendant 12 semaines. Toutes les autres provinces versent des prestations (sans montant forfaitaire initial) pendant 17 semaines. Les montants varient de 1 000 $ par semaine en Colombie-Britannique et au Nouveau-Brunswick à 1 300 $ en Ontario et 1 500 $ en Nouvelle-Écosse. Notez que TOUTES les provinces bénéficient de ces avantages. Ils existent depuis au moins 15 ans. Lorsqu'une province négocie un tel avantage, les autres suivent rapidement. Les jeunes médecins sont mobiles, et certains d'entre eux pourraient s'en aller dans des provinces qui offrent ces avantages. Avec la possibilité que le permis d'exercer la médecine soit transférable à l'échelle nationale, cela exercerait une forte pression sur le Québec ou toute autre province si elle était la seule à s'opposer à des avantages tels que l'invalidité à court terme pour les médecins plus âgés. Les lecteurs qui sont de jeunes médecins peuvent, dans un premier temps, penser que ces questions ne les concernent pas. Cependant, d'ici peu, ils auront 65 ans et plus et seront bien heureux que le régime d'invalidité ait été mis en place. Même si les gouvernements s'en sortent souvent en gelant les honoraires des médecins, voire en les réduisant, sans susciter la moindre désapprobation de la part du public, même ceux qui considèrent que les médecins sont surpayés s'opposeraient à la suppression des avantages sociaux qui leur sont accordés. Je propose donc que toutes les provinces et tous les territoires offrent ce qui suit: Les médecins et les chirurgiens en pratique seraient couverts de 65 à 80 ans, sans délai d’attente. Les médecins recevraient de 70 à 80 % de leurs factures mensuelles moyennes d’une période de 60 jours, ou de préférence 90 jours. Lors du Sommet de la Francophonie à Djerba, en Tunisie, le premier ministre du Québec, François Legault, a rencontré brièvement le premier ministre Justin Trudeau. Selon M. Legault, ils ont convenu de se rencontrer à nouveau en décembre pour discuter - entre autres - des transferts en matière de santé. Le Québec, l'Ontario et le Manitoba, qui ont des déficits provinciaux, ont particulièrement besoin d'un financement fédéral supplémentaire pour les soins de santé. Le fait qu'Ottawa subventionne un tel programme serait un exemple de transferts ciblés en matière de santé qui contribuerait à «retenir les professionnels de la santé», comme l'a souligné Duclos à Vancouver. Pourtant, en revendiquant une compétence provinciale exclusive, le Québec pourrait bien protester contre toute «condition» liée au financement fédéral indirect des médecins. Ottawa pourrait alors les payer directement. Rappelons que le Programme fédéral de santé intérimaire paie directement les médecins qui traitent les réfugiés au taux de l'assurance maladie provinciale/territoriale. Les médecins sont également payés directement par Ottawa pour soigner les prisonniers fédéraux et, jusqu'en 2013, ils étaient payés directement pour soigner les membres de la GRC. Tous les gouvernements provinciaux devraient offrir à leurs médecins des avantages financiers tels que la stabilisation du revenu à court terme. Cela aidera à garder les médecins plus âgés dans le milieu du travail, même à temps partiel. Environ 80 % des patients sollicitant une aide dans les services d'urgence auraient pu être pris en charge autrement par des médecins de famille. Cela permettra donc d'alléger la charge qui pèse sur ces installations en manque de personnel et qui sont surchargées. Les opinions exprimées dans le présent article sont celles de l'auteur.

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