Accès aux soins en santé mentale: «la situation est alarmante»

«Au Québec, une consultation sur quatre auprès d’un médecin de famille a pour motif une souffrance d’ordre psychologique. Pourtant, la santé mentale représente une minime partie de l’enveloppe budgétaire pour la santé», déplore la Dre Noémie La Haye-Caty, médecin résidente en psychiatrie et membre du conseil d’administration de MQRP. Elle ajoute qu’une augmentation du financement alloué à la santé mentale entraînerait en réalité une diminution des coûts pour le gouvernement. Pour en venir à cette conclusion, MQRP cite de nombreuses études réalisées sur le sujet. Par exemple, selon des estimations de la Commission de la santé mentale du Canada datant de 2016, les maladies et les problèmes associés à la santé mentale coûteraient au gouvernement fédéral plus de 50 milliards de dollars par an, soit environ 140$ par Canadien. Or, une autre étude de la Mental Health Commission of Canada rapporte qu’une intervention précoce chez un jeune présentant un problème de santé mentale pourrait ultimement faire économiser plus de 280 000$ en soins au courant de sa vie. «Les problèmes de santé mentale sont associés à des arrêts de travail et à une prise de médication qui entraînent des coûts pour le gouvernement. Or, les conséquences de la chronicisation des troubles de santé mental entrainent aussi un impact financier important à long terme», explique la Dre La Haye-Caty qui a participé à la rédaction du rapport de MQRP. 450 psychologues nécessaires Le regroupement MQRP est clair: pour améliorer l’accès aux services de santé mentale, il faut «étendre le régime d’assurance-maladie pour couvrir les services offerts par les psychologues et les psychothérapeutes, afin que ces services soient couverts sous le régime public et ainsi assurer un accès universel, équitable et gratuit», stipule le rapport. «Il faudrait embaucher environ 450 psychologues au public et par la suite procéder à un rattrapage salarial pour diminuer l'écart avec le secteur privé pour qu’ils choisissent de pratiquer au public», propose la Dre La Haye-Caty. La Coalition des psychologues du réseau public québécois stipule que l’embauche de ces 450 psychologues dans le secteur public, en plus du rattrapage salarial pour permettre de les recruter, ferait épargner au gouvernement environ 228 millions de dollars par année en visites chez les médecins de famille, aux urgences et en hospitalisations, ajoute le rapport de MQRP. L’impact de la pandémie Selon le regroupement, la pandémie a mis en lumière les problèmes d’accès à la santé mentale qui étaient déjà bien présents dans la société. Il cite notamment dans son rapport des données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) qui révèlent que du 1er avril au 2 septembre 2020, environ 31% des adultes québécois ont rapporté avoir éprouvé des sentiments de détresse psychologique plus souvent qu’à l’habitude. Le rapport du MQRP indique que les répercussions de la pandémie sur les besoins en santé mentale risquent de perdurer pendant des années. «La pandémie a mis de l’avant dans les médias un problème qui était là depuis longtemps, c’est-à-dire le manque d’accès aux ressources causé principalement par un manque de financement. Il est important que les choses changent», ajoute la Dre La Haye-Caty. Continuer à militer D’ici à ce que des changements législatifs surviennent pour favoriser l’accessibilité aux soins en santé mentale, la médecin suggère aux professionnels de la santé de se renseigner sur les différents services communautaires de leur région. «On ne les connaît pas toujours et on n’en parle pas assez aux patients», remarque-t-elle. Pour donner suite à la publication du rapport, les membres du conseil d’administration de MQRP souhaitent rencontrer les députés et des instances du gouvernement pour réaffirmer leurs positions. Le groupe prévoit également profiter des prochaines élections provinciales à l’automne pour continuer à militer. «Nous prévoyons mettre sur pied un comité qui sera en charge de pousser certains dossiers qui nous tiennent à cœur lors des prochaines élections, dont l’accessibilité à la santé mentale», indique la Dre La Haye-Caty.

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