9 articles insolites qui pourraient changer votre pratique

Urgentologue et médecin de famille à Fredericton et Oromocto (au Nouveau-Brunswick), le Dr Yogi Sehgal a pris l’habitude de parcourir quotidiennement la littérature médicale à la recherche d’articles qui piquent sa curiosité et pourraient éclairer sa pratique. Il a récemment présenté un webinaire interactif organisé par la Société de la médecine rurale du Canada (SMRC) qui était intitulé «Unusual papers that might change your practice » (Des articles insolites qui pourraient changer votre pratique).Ce webinaire s’appuyait sur une collection d’articles que le Dr Sehgal rassemble afin de les présenter lors de la conférence annuelle de la SMRC axée sur les soins primaires et la médecine d’urgence. «J’essaie de me concentrer sur l’essentiel et sur la façon dont vous pouvez l’utiliser dans votre pratique, mais une partie est juste pour vous informer, et vous amener à être curieux ainsi qu’à vous sur certains points et sur ce qui est important.»1. Effect of repeated low-level red-light therapy for myopia control in children: a multicenter randomized controlled trialJiang, Yu, et coll., Ophthalmology, mai 2022Conclusions de l’article: La thérapie répétée par lumière rouge de faible intensité est un traitement alternatif prometteur pour le contrôle de la myopie chez les enfants, avec une bonne acceptabilité par l’utilisateur et aucun dommage fonctionnel ou structurel documenté.Le point de vue du Dr Sehgal: «La lumière rouge répétée de faible intensité n’est pas une mauvaise chose, elle peut même vous aider, mais je pense que le meilleur traitement est de prendre l’air», observe-t-il en citant un article antérieur du même auteur sur les enfants passant 40 minutes à l’extérieur.2. Ketamine versus ECT for nonpsychotic treatment-resistant major depressionAnand, Amit, et coll., New England Journal of Medicine, juin 2023Conclusions de l’article: La kétamine n’est pas inférieure à l’électroconvulsivothérapie (ECT) dans le traitement de la dépression majeure sans psychose résistante au traitement.Le point de vue du Dr Sehgal: «La kétamine est un adjuvant raisonnable pour le traitement de la dépression résistante. Elle est très sûre… et je pense qu’elle a un rôle à jouer en raison de son accessibilité par rapport à l’ECT.»3. Induced abortion and the risk of Rh sensitization Hovarth, Sarah, et coll., JAMA, septembre 2023Conclusions de l’article: L’avortement provoqué au premier trimestre, que ce soit par médicament ou par intervention, n’est pas un facteur de risque de l’allo-immunisation fœto-maternelle Rh, ce qui indique que le test et le traitement du Rh ne sont pas nécessaires avant la 12e semaine de gestation. Ces données peuvent être utilisées pour élaborer des directives internationales sur l’administration d’immunoglobulines anti-Rhésus après un avortement provoqué du premier trimestre.Le point de vue du Dr Sehgal: «L’importance de cette étude réside dans le fait que si vous devez faire pratiquer une interruption de grossesse de manière confidentielle ou si vous n’avez pas de RhoGAM ou si vous n’y avez pas accès, cela réduit les problèmes logistiques et financiers et peut aussi réduire les obstacles à l’interruption de grossesse.»4. Efficacy and safety of intragastric expandable oral capsules in adults with overweight or obesity: A randomized, double-blind, placebo-controlled trialLu, Difei, et coll., Diabetes, Obesity and Metabolism, janvier 2024 Conclusions de l’article: Dans cet essai de 24 semaines incluant des participants souffrant de surpoids ou d’obésité, 2,24 g de comprimés intragastriques expansibles, deux fois par jour, ont conduit à une réduction cliniquement significative du poids corporel par rapport au placebo.Le point de vue du Dr Sehgal: «Les gens posent des questions à ce sujet (ou sur un traitement comme le ballon intragastrique), on le voit sur les médias sociaux… Nous ne le proposons pas pour l’instant, mais les gens en parlent et c’est normal. Je pense que nous avons besoin d’une autre étude dans notre population pour voir si cela fonctionne réellement et si c’est sans danger.»5. Allopurinol Prevents Cirrhosis-Related Complications: A Quadruple Blind Placebo-Controlled TrialKhadija, A.M., et coll., The American Journal of Medicine, janvier 2024Conclusions de l’article: L’allopurinol (300 mg par jour pendant six mois) a réduit de manière significative la récurrence des complications liées à la cirrhose du foie. Par conséquent, l’allopurinol peut constituer un agent prometteur pour les patients souffrant de décompensation hépatique. Ces résultats positifs pourraient résulter de sa capacité à réduire la translocation bactérienne et l’inflammation.Le point de vue du Dr Sehgal: «Il s’agit d’un médicament que l’on pourrait envisager de prescrire hors indication. Il présente des avantages considérables et nous n’avons rien qui fonctionne de la sorte pour la cirrhose. Si vous avez affaire à une cirrhose liée à l’hépatite, il faut en discuter avec le patient. Pour ceux atteints de cirrhose alcoolique ou de maladie hépatique graisseuse non alcoolique, nous ne savons pas encore, nous attendons des études.» 6. Efficacy and Safety of Non-Vitamin-K Antagonist Oral Anticoagulants Versus Warfarin Across the Spectrum of Body Mass Index and Body WeightPatel et coll., JAMA, janvier 2024Conclusions de l’article: L’effet thérapeutique des nouveaux anticoagulants par voie orale (NOAC ou ACOD) par rapport à la warfarine dans la fibrillation auriculaire est généralement cohérent pour l’accident vasculaire cérébral (AVC) et l’embolie systémique dans tout le spectre de l’IMC et du poids corporel, alors que la réduction des hémorragies majeures est atténuée chez les personnes ayant un IMC ou un poids corporel plus élevé. Les décès et les résultats cliniques nets sont globalement réduits avec les NOAC par rapport à la warfarine, bien qu’il subsiste des incertitudes quant à ces résultats lorsque l’IMC et la masse corporelle sont très élevés.Le point de vue du Dr Sehgal: «Les NOAC sont probablement moins efficaces que la warfarine chez les patients dont l’IMC est supérieur à 40. Nous avons besoin d’un essai portant sur différents dosages de divers NOAC chez les patients souffrant d’obésité sévère.»7. Efficacy and safety of low-dose colchicine after myocardial infarctionTardif, JC, et coll., New England Journal of Medicine (NEJM), novembre 2019Et Low-dose colchicine in patients with type 2 diabetes and recent myocardial infarction in the colchicine cardiovascular outcomes trial (COLCOT)Roubille, François, et coll., American Diabetes Association (ADA), janvier 2024Conclusion de l’article du NEJM: Parmi les patients ayant subi un infarctus du myocarde récent, la colchicine à une dose de 0,5 mg par jour a entraîné un risque significativement plus faible d’événements cardiovasculaires ischémiques que le placebo.Conclusion de l’article de l’ADA: «Chez les patients atteints de diabète de type 2 et ayant récemment subi un infarctus du myocarde, la colchicine, à raison de 0,5 mg par jour, entraîne une réduction importante des événements cardiovasculaires. Ces résultats soutiennent la conduite de l’essai COLCOT-T2D en prévention primaire.»Le point de vue du Dr Sehgal: «La colchicine réduit vraisemblablement les complications après un infarctus du myocarde. Elle devrait certainement être administrée après l’infarctus si elle est tolérée, en particulier chez les patients à haut risque.»8. Emergency Department and Inpatient Utilization Reductions and Cost Savings Associated With Trauma Center Mental Health InterventionPrater, Laura, et coll., Annals of Surgery, janvier 2024Conclusions de l’article: L’intervention en santé mentale est associée à des réductions significatives de l’utilisation des services d’urgence et d’hospitalisation, ainsi qu’à des économies potentielles. Ces résultats pourraient être intégrés de manière constructive dans les discussions futures sur la politique du Comité des traumatismes du Collège américain des chirurgiens.Le point de vue du Dr Sehgal: «Les lésions mentales liées aux traumatismes sont TRÈS importantes et doivent être prises en charge rapidement. Une intervention précoce peut permettre d’éviter aux patients de se rendre aux urgences. C’est une situation très difficile à vivre pour les patients et les prestataires de soins. Je pense que cela nécessite un processus formel et beaucoup de gentillesse.»9. Use of Voice-Based Conversational Artificial Intelligence for Basal Insulin Prescription Management Among Patients With Type 2 DiabetesNayak, Ashwin, et coll., JAMA Network Open, décembre 2023Conclusions de l’article: Dans cet essai clinique randomisé d’une application d’intelligence artificielle (IA) conversationnelle, fonctionnant à la voix, qui fournissait une gestion autonome de l’insuline basale pour les adultes atteints de diabète de type 2, les participants du groupe IA avaient significativement amélioré le délai pour atteindre la dose d’insuline optimale, l’adhésion à l’insuline, le contrôle glycémique et la détresse émotionnelle liée au diabète par rapport à ceux du groupe de soins standard. Ces résultats suggèrent que les solutions de santé numérique basées sur la voix peuvent être utiles pour le dosage des médicaments.Le point de vue du Dr Sehgal: «Une application d’IA basée sur la voix peut permettre aux patients d’obtenir un meilleur contrôle glycémique qu’avec des soins habituels. Il y a un certain nombre de mises en garde. Mais nous pouvons proposer aux patients de se donner les moyens de se faire aider par la technologie. Ils l’utilisent parce qu’il s’agit d’une conversation verbale. Or, certains patients âgés ou vivant dans des communautés rurales ont du mal à utiliser l’ordinateur; le simple fait de leur donner un appareil Alexa bon marché avec lequel ils peuvent parler fonctionne donc très bien.»

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